La justice australienne a reconnu, mercredi, l'existence d'un troisième sexe, "le genre neutre", qui pourra figurer dans l'état civil.
“Homme”, “femme” ou “neutre”, la plus haute juridiction d'Australie a décidé, mercredi 2 avril, qu’un troisième sexe pouvait désormais être reconnu par l’état civil après présentation du dossier médical du demandeur.
Cette décision intervient à l’issue d’une longue bataille judiciaire menée par une personne : Norrie May-Welby, qui ne s'identifie ni comme un homme, ni comme une femme. Norrie, 52 ans, est né de genre masculin et a subi une intervention chirurgicale pour changer de sexe en 1989. Mais l'opération a échoué à mettre un terme à l'ambiguïté qu'elle éprouve sur son identité sexuelle.
En 2010, le registre d'état civil de Nouvelle-Galles du Sud (l'État dont dépend la ville de Sydney) avait accepté de l'enregistrer sous la catégorie "genre non spécifique". Mais peu après, le registre était revenu sur sa décision et a déclaré invalide le certificat. Norrie avait alors déclaré avoir le sentiment d'être "assassiné socialement".
Chemin vers l’égalité
Plusieurs recours avaient été déposés en justice, par les deux parties, jusqu'à la décision finale, mercredi, de la plus haute Cour du pays. "Je suis euphorique", a déclaré la militante. "Les gens vont peut-être comprendre qu'il n'y a pas que deux options. Vous pouvez être une femme ou un homme mais certains de vos proches ne le sont pas forcément".
Pour Samuel Rutherford, directeur du groupe militant australien Gender Agenda, "avoir la plus haute Cour du pays qui dit que la loi reconnaît la réalité de notre existence n'est pas seulement important d'un point de vue pratique. Cela dégage le chemin vers l'égalité et contre la discrimination". Le pays avait déjà, en juin dernier, instauré une nouvelle nomenclature concernant la reconnaissance des sexes sur les documents officiels, offrant le choix entre homme, femme ou transgenre.
Les conséquences de cette décision sur les unions matrimoniales restent, toutefois, à éclaircir. L'Australie ne reconnaît le mariage qu'entre un homme et une femme.
Bébés sans sexe en Allemagne
L’île-continent est l’un des rares pays au monde à trancher sur la question du genre. Le Népal autorise déjà ses ressortissants à inscrire un "X" dans la case "sexe" du passeport. Tout comme l’Allemagne qui est même allée plus loin : depuis novembre dernier, les autorités locales autorisent les bébés nés sans être clairement identifiés comme garçon ou fille à être enregistrés sans indication de sexe. Une première sur le Vieux Continent où environ un enfant sur 5 000 naît intersexué, dont 100 à 500 nourrissons en France.
Cette mesure est destinée à atténuer la pression qui pèse sur les parents, poussés à décider en urgence d'opérations chirurgicales controversées, pour attribuer un sexe à un nouveau-né. Les parents sont désormais autorisés à laisser vierge la case afférente sur les certificats de naissance, créant ainsi une catégorie indéterminée dans les registres d'état-civil.
Avec AFP