Le président guinéen, Alpha Condé, interrogé par FRANCE 24, a assuré que son gouvernement avait pris toutes les mesures pour éviter la propagation du virus Ebola. L’OMS se montre plus alarmiste, évoquant une "épidémie sans précédant".
Le virus Ebola a tué plus de 80 personnes depuis le début de l’année en Guinée et au Libéria. Une "épidémie sans précédent", s’est inquiétée l’ONG Médecins sans frontières, dans un communiqué rendu public mardi 1e avril. Dans la foulée, l’Arabie saoudite a suspendu l’octroi de visas aux pèlerins originaires des deux pays touchés par cette dangereuse épidémie de fièvre hémorragique. Deux jours plus tôt, le Sénégal avait fermé ses frontières avec la Guinée voisine.
Interrogé par FRANCE 24, lors d’un déplacement mardi à Bruxelles, le président guinéen Alpha Condé a voulu se montrer rassurant. "Le gouvernement [guinéen, NDLR] a pris toutes les mesures nécessaires [pour endiguer la progression du virus, NDLR]. Pour le moment, la situation s’est stabilisée en forêt [le virus a d’abord touché des villes de la région forestière du sud de la Guinée, NDLR], il n’y a pas eu de nouveaux cas."
La viande de brousse interdite
Alpha Condé a exhorté la population à ne pas céder à la panique. "Pour le moment, nous demandons à la population […] qu’elle écoute les recommandations des médecins, entre autres de ne plus manger la viande de brousse [suspectée d’être un agent vecteur du virus, NDLR]", a-t-il déclaré. "L’OMS a expliqué qu’il n’y avait aucun risque de contamination [autrement que par contact direct avec une personne atteinte, NDLR]", a-t-il poursuivi, assurant ne pas comprendre les raisons pour lesquelles le Sénégal avait décidé de fermer ses frontières.
Dakar, en état d’alerte, a également décidé d’interdire temporairement les grands marchés hebdomadaires, où se rendent entre autres des marchands guinéens, pour "limiter les flux migratoires des populations". Aucun cas suspect n’a pour l’heure été repéré au Sénégal.
"Maîtriser l’épidémie"
Au Libéria et au Sierra Leone, voisins de la Guinée, plusieurs décès provoqués par une fièvre hémorragique ressemblant au virus Ebola ont été signalés. Mais la grande majorité des cas a été recensée dans le sud de la Guinée. Le président guinéen a annoncé l’arrivée imminente d’une équipe de 20 personnes venant du Center for disease control and prevention d’Atlanta aux États-Unis. "Je pense que nous allons très très rapidement pouvoir maîtriser l’épidémie", a affirmé le chef de l’État guinéen.
Au total, "122 cas suspects de fièvre hémorragique virale dont 78 décès" ont été enregistrés depuis janvier en Guinée, "soit un taux de létalité de 63 %", selon un bulletin sur la situation épidémiologique transmis dimanche soir par le ministère guinéen de la Santé. Mercredi, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré avoir identifié avec certitude le virus Ebola sur cinq patients touchés par une fièvre hémorragique.
Il n’existe aujourd’hui ni traitement, ni vaccin spécifique contre cette maladie dont le taux de létalité reste très élevé. Considéré comme l’un des virus les plus pathogènes pour l’homme, Ebola provoque de fortes hémorragies, mortelles dans 50 à 90 % des cas. Il se transmet d’homme à homme par les fluides biologiques, tels que le sang, le sperme, les selles, la sueur ou la salive.