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Après des semaines de tensions diplomatiques, le secrétaire d'État américain John Kerry a rencontré, dimanche, à Paris, son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour discuter d'une solution négociée à la crise ukrainienne.

C’est une ultime rencontre programmée à la dernière minute. Le secrétaire d'État américain John Kerry a annulé son retour à Washington pour prendre la direction de Paris où il a rencontré, dimanche 30 mars, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Après un entretien téléphonique entre Barack Obama et Vladimir Poutine vendredi, c'est au tour de leurs ministres des Affaires étrangères de s’entretenir pour évoquer une éventuelle solution diplomatique en Ukraine. Signe que les deux puissances ont manifestement l'intention d'agir vite.

Moscou n'a pas l'intention d’envahir l’Ukraine

Les USA et la Russie ont fait des propositions pour faire baisser les tensions autour de
l'Ukraine, a déclaré John Kerry à l'issue de la rencontre avec son homologue russe. Lors d'une conférence de presse, le secrétaire d'Etat américain a expliqué avoir clairement indiqué qu'il jugeait encore que la Russie avait agi de manière
"illégale et illégitime" en Crimée.

Plus tôt dans la journée, le ministre des Affaires étrangères russe avait appelé les Occidentaux à soutenir une proposition visant à donner plus de pouvoir aux régions russophones d'Ukraine dans le cadre d'une structure fédérale. "Si nos partenaires sont prêts, alors la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne pourraient former un groupe de soutien à l'Ukraine et formuler un appel conjoint à ceux qui sont maintenant au pouvoir à Kiev", a déclaré le chef de la diplomatie dans une interview diffusée sur la chaîne de télévision publique Pervy Kanal.

La veille, la Russie avait assuré n'avoir "aucune intention" d'envahir l'est de l'Ukraine, en réponse aux inquiétudes de l'Occident face à la concentration de troupes russes à la frontière orientale de l'Ukraine après l'annexion de la Crimée par Moscou. Selon des estimations américaines, le nombre de militaires russes massés près de la frontière atteindrait quelque 40 000.

L'Alliance atlantique est "extrêmement inquiète"

Côté américain, vendredi encore, Barack Obama s'en était pris de manière très dure à Vladimir Poutine, l'accusant de "rancune au sujet de ce qu'il considère comme la perte de l'Union soviétique" et l'enjoignant de retirer ses troupes massées à la frontière ukrainienne.

Kiev craint que la Russie n'en reste pas là et intervienne désormais dans la partie orientale de l'Ukraine, majoritairement russophone et agitée par des manifestations séparatistes ces dernières semaines.

L'Occident, qui a imposé des sanctions à l'encontre de personnalités russes après l'annexion de la république autonome de Crimée par la Russie, a menacé d'imposer d'autres sanctions si Moscou envoyait de nouvelles troupes en Ukraine.

Dans un entretien au magazine Focus, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, dit que l'Alliance atlantique est "extrêmement inquiète". "Je crains que ce [les sanctions] ne soi[en]t pas encore suffisant[es] pour lui [Poutine]. Je crains que nous ne traitions pas rationnellement, et trop par l'émotion, le désir de la Russie de reconstruire son ancienne sphère d'influence dans son voisinage immédiat", a-t-il expliqué.

Vers une "fédéralisation" ou une "décentralisation" ?

Quels seraient les contours d'un règlement international ? Sergueï Lavrov a donné une piste en évoquant une "fédéralisation" de l'ex-république soviétique, "exigence des régions du sud et de l'est".

"Pour parler franchement, nous ne voyons pas d'autre voie pour le développement stable de l'État ukrainien qu'une fédération", a dit le chef de la diplomatie russe. Chaque région, a-t-il expliqué, aurait compétence en matière économique et financière, dans le domaine culturel et linguistique et en matière d'éducation ainsi que pour "ses relations économiques et culturelles externes avec les pays ou régions voisines".

L'idée d'une "décentralisation" a déjà été évoquée par certains diplomates occidentaux et la France s'y est dit favorable afin d'apaiser les tensions qui règnent dans ces régions très proches culturellement et économiquement de la Russie et redoutant l'orientation pro-européenne des autorités à Kiev.

Avec AFP et Reuters