Quatre assaillants ont tiré sur les clients d'un hôtel de luxe, jeudi soir à Kaboul. Au moins neuf personnes ont été tuées, dont quatre étrangers. L'attaque a été revendiquée par les Taliban.
L’hôtel Serena, le plus luxueux de la capitale afghane, a été la cible des Taliban, jeudi 20 mars. Dans la soirée, quatre jeunes insurgés islamistes sont parvenus à déjouer les systèmes de sécurité de l’établissement et ont ouvert le feu sur les clients de l’hôtel. Au moins neuf personnes, dont quatre étrangers, ont été tuées. Un journaliste afghan travaillant pour l’AFP, ainsi que sa femme et leurs deux enfants font également partie des victimes. Leur troisième enfant, un jeune garçon, est quant à lui dans un état critique.
Après avoir réussi à pénétrer dans l'hôtel, pourtant l’un des mieux protégés de Kaboul, les assaillants se sont cachés dans les toilettes de l'un des restaurants de l'établissement. En milieu de soirée, le commando a lancé son attaque alors que plusieurs clients célébraient Norouz, le jour de l’an iranien. Les quatre terroristes ont été abattus par les forces de police, a indiqué le ministère afghan de l’Intérieur.
Just got out of #Serena hotel safe. Horrible few hours with furniture against my door. #Afghanistan #TalibanAttacl
— Jane Ferguson (@JaneFerguson5) 20 Mars 2014"J’ai entendu des coups de feu, des gardes nous ont placés dans des chambres sécurisées", a raconté à l’AFP un employé de la réception de l’hôtel. Jane Ferguson, une journaliste de la chaîne Al-Jazira, cliente de l'hôtel, a écrit sur son compte Twitter avoir passé "plusieurs heures terrifiantes" barricadée dans sa chambre dont elle avait bloqué la porte avec des meubles.
L’attaque a été revendiquée par Zabiullah Mujahid, un porte-parole des Taliban. Il y a six ans, en 2008, l’établissement avait déjà été la cible des insurgés qui y avaient perpétré un attentat-suicide. Le bilan avait été de huit morts.
Un porte-parole de l’ONU, sous le sceau de l’anonymat, a précisé qu’aucun des 18 membres du personnel des Nations unies qui se trouvaient dans le bâtiment au moment de l’attaque n’ont été tuées.
"Perturber les élections"
L’établissement de luxe est par ailleurs fréquenté par des délégations étrangères chargées de superviser l’élection présidentielle du 5 avril. Luis Maria Duarte, un ex-diplomate du Paraguay qui était à Kaboul pour une mission d'observation des élections, fait d'ailleurs partie des victimes, a indiqué le ministre paraguayen des Affaires étrangères, Eladio Loizaga.
L’hôtel Serena a été attaqué à deux semaines du scrutin présidentiel afghan. Les Taliban avaient annoncé leur intention de "perturber" cette élection et de s’en prendre au personnel politique, électoral, ainsi qu’aux observateurs, ce qui pourrait avoir une incidence sur la participation populaire et sur la capacité à détecter de possibles fraudes électorales sur le terrain.
"L'objectif politique des Taliban est clair : ils veulent discréditer les élections, créer une crise de légitimité à Kaboul... et ainsi arriver à la table des négociations en position de force", a déclaré à l'AFP Ahmed Rashid, auteur de nombreux ouvrages sur les Taliban.
La branche des insurgés hostile à toute réconciliation avec le pouvoir pour stabiliser le pays après le retrait de l'Otan à la fin de l'année pourrait, elle, prendre prétexte d'une telle crise à Kaboul pour tenter de saisir le pouvoir par les armes, a-t-il ajouté.
L'attaque du Serena s'inscrit aussi dans le cadre d'une vague de violences ciblant les étrangers en Afghanistan, ce qui a forcé des organisations à réduire leur suivi des élections.
Avec l'AFP