
Au lendemain des révélations de Mediapart, l'avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, qui réfute les accusations de trafic d'influence, a annoncé qu'il allait porter plainte pour violation du secret de l'instruction.
Thierry Herzog contre-attaque. Après la publication par Mediapart d'extraits des écoutes judiciaires de conversations entre lui et l'ex-président Nicolas Sarkozy, le ténor du barreau a annoncé jeudi, au micro d'Europe 1, qu'il allait porter plainte pour violation du secret de l'instruction.
"Aujourd'hui je vais demander au procureur de la République, par le dépôt d'une plainte pour violation du secret de l'instruction, d'ordonner une enquête et d'identifier quels sont les auteurs de ces violations du secret de l'instruction, a-t-il déclaré sur Europe 1. C'est-à-dire qui a remis à Mediapart les rapports tronqués qui ont été ainsi publiés hier (...) et je pense qu'on devrait sans difficulté pouvoir identifier très facilement le ou les auteurs", a ajouté Me Herzog.
Cette annonce intervient au lendemain de l'envoi d'une lettre (voir ci-dessous) par Thierry Herzog au procureur de Paris datée du 19 mars. Dans ce courrier, l'avocat de Nicolas Sarkozy conteste les accusations de trafic d'influence à son encontre. Il explique avoir obtenu légalement, par l'intermédiaire d'un confère, des informations issues de la Cour de cassation.
La plainte et la missive font suite à la publication par Médiapart, mardi 18 mars, d’extraits de conversations téléphoniques privées entre Thierry Herzog et Nicolas Sarkozy qui, selon le site d’information, confirment les soupçons de trafic d’influence. On peut y lire notamment que du 28 janvier au 11 février 2014, les deux hommes “ont tenté d’entraver méthodiquement le cours de la justice dans l’affaire des financements libyens et celle de ses agendas présidentiels saisis dans le dossier Bettencourt."
Rien d’illégal, selon Me Herzog
Or, pour Me Herzog, s'il était à ce moment précis en possession de cette information, c'était de manière légitime. Il écrit au procureur de Paris, François Molins, qu'il est "en mesure de [lui] apporter la preuve que, dès le 27 janvier 2014 à 16h06, ce rapport [lui] avait été adressé, par courriel" par son confrère Patrice Spinosi, conseil de Nicolas Sarkozy à la Cour de cassation et informé à ce titre.
"Je n'ai donc bénéficié d'aucun avantage particulier en la matière", estime Me Herzog qui explique joindre à son courrier des pièces justifiant ses dires. Selon lui, "le même processus sera mis en oeuvre le 30 janvier suivant, puisqu'à 9h25, Me Patrice Spinosi me transmettra l'avis de l'avocat général dont je rendrai compte, à 20h40, à mon client", explique Me Herzog.
“Allégations mensongères"
En conséquence, face à ce qu'il décrit comme la publication de "faits inexacts", Me Herzog demande à François Molins de "rendre publics [les] éléments désormais contenus à la procédure qui font litière de ces allégations mensongères".
En avril 2013, le procureur Molins avait ouvert une information judiciaire sur les accusations de financement de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy par la Libye de Mouammar Kadhafi. Ce dossier étant depuis le 1er février de la compétence du nouveau parquet national financier (PNF), François Molins a immédiatement répondu à Me Herzog qu'il lui transmettait donc sa requête, selon une source judiciaire.
Avec AFP