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, à Simferopol – Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes en Crimée, dimanche 16 mars, pour un référendum controversé qui devrait entériner le rattachement de cette République autonome du sud de l'Ukraine à la Fédération de Russie. Reportage.

"Pourquoi je vote pour le rattachement à la Russie ? Mais parce que je suis Russe !",  s’exclame Viktor Nicolaivitch Sirodkin. La réponse semble couler de source pour ce chauffeur-livreur qui a pourtant dû montrer son passeport ukrainien pour voter au bureau numéro 8 de Simferopol, à l'occasion du référendum qui décidera du sort de la Crimée.

La souveraineté de Kiev sur cette République autonome du sud de l'Ukraine et peuplée majoritairement de russophones, est une erreur de l’histoire pour cet homme de 57 ans. "Nous avons l’âme russe et tout le reste est secondaire", explique Sirodkin après avoir glissé son bulletin dans l’urne.

Le scrutin, considéré comme illégal par Kiev et la majorité de la communauté internationale, donne le choix aux électeurs entre deux options : un retour à la Constitution de 1992, synonyme de plus d’autonomie au sein de l’Ukraine, ou le rattachement pur et simple à la Russie.

Pour les électeurs, qui se pressent dans les bureaux de vote de Simferopol en ce dimanche 16 mars, la dernière option est plus qu'évidente.

Un scrutin joué d’avance

Le renversement de l’ancien président Viktor Ianoukovitch, le 22 février dernier, et la montée en puissance de mouvements nationalistes ukrainiens ont réactivé les vieilles rancœurs de l’histoire chez la majorité russophone de Crimée. Igor, ouvrier à Simferopol, souligne aussi l’intérêt économique à rejoindre la Russie.

"Les gens de Kiev détruisent tout alors que Poutine essaie de construire quelque chose de nouveau. La Russie a avancé depuis les années 90… Ici, rien n’a changé", affirme Igor après avoir voté pour le rattachement à la Russie.

Reste que le résultat des urnes est joué d’avance. Les opposants au référendum – déjà minoritaires – ont choisi de boycotter le scrutin. Le vice-président de l’Assemblée (majlis) des Tatars de Crimée, Nariman Djelyal, a confirmé à FRANCE 24 qu’il était hors de question de donner un semblant de légitimité à ce scrutin.

"Nous avons appelé au boycott du référendum… Et ce boycott ne concerne pas seulement les Tatars ; nous demandons à tous les habitants de Crimée de ne pas prendre part au vote". Un appel resté lettre morte auprès de la majorité russophone de Crimée.