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Selon un rapport de l'Agence européenne des droits fondamentaux, au moins une femme sur trois vivant dans l'UE a été victime de violences physiques ou sexuelles. Une proportion qui augmente dans les pays d'Europe du Nord.
L’Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA) publie un rapport alarmant, mercredi 5 mars, sur les violences faites aux femmes en Europe.
"L’enquête réalisée par la FRA montre que les violences physiques sexuelles et psychologiques à l’égard des femmes constituent de sérieuses violations des droits humains dans tous les Etats membres", a estimé dans un communiqué Morten Kjaerum le directeur de la FRA. "La vaste étendue de ce problème indique que la violence à l’égard des femmes ne touche pas seulement les victimes, mais se répercute chaque jour sur la société".
Selon cette étude, une femme sur trois vivants dans l’Union européenne (33%), soit 62 millions de femmes, ont été victimes de violence physique et/ou sexuelle depuis l’âge de 15 ans. Ce rapport met également en évidence qu’une femme sur 20 a été violée depuis l’adolescence.
Des disparités entre les pays
Pour en arriver à ces conclusions, la FRA a interrogé 42 000 femmes âgées de 18 à 74 ans dans toute l’UE, soit 1 500 femmes par État membre. Les questions ont porté sur leur vécu depuis l’âge de 15 ans en matière de violence. D’autres sujets ont également été abordés comme la traque furtive, le harcèlement sexuel ou les violences subies dans l’enfance.
D’un point de vue national, les chiffres diffèrent sensiblement selon les pays. Contrairement aux préjugés, les taux de déclaration de violences les plus élevés ont ainsi été relevés dans les pays du Nord. Au Danemark, plus d’une femme sur deux (52%) dit avoir été victime de violence, 47% en Finlande, 46% en Suède et 45% aux Pays-Bas. A contrario, les pays du Sud de l’Europe ont des taux plus bas : 22% en Espagne, ainsi qu’à Chypre et à Malte. Les chiffres les plus faibles sont observés en Pologne (19%) et en Autriche (20%). La France se situe au dessus de la moyenne européenne avec 44% des femmes qui déclarent avoir été victimes de violences.
Le FRA estime toutefois qu’il faut prendre un certain recul vis-à-vis de ces données. Selon l’Agence européenne, les chiffres plus élevés dans les pays du Nord peuvent s’expliquer par le fait que dans ces sociétés, il est "plus acceptable d’un point de vue culturel de parler à d’autres des expériences de violences à l’égard des femmes". Le rapport souligne aussi que "des taux plus élevés d’égalité entre les genres peuvent engendrer des niveaux plus élevés de signalement concernant la violence à l’égard des femmes".
Cette étude ne se limite pas à de simples chiffres. Elle préconise aussi plusieurs moyens afin de limiter ces violences. Le FRA recommande notamment aux Etats membres de l’UE de ratifier la Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Pour le moment, seuls huit États (Turquie, Albanie, Italie, Monténégro, Portugal, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Autriche) ont ratifié ce texte. Ce dernier n'entraînera en vigueur qu'après sa ratification par dix pays, dont huit membres du Conseil de l'Europe.
L’agence européenne souhaite également que les pays considèrent les violences conjugales comme un sujet "nécessitant l’intervention de l’Etat plutôt que comme une affaire privée".