
Sur les réseaux sociaux, nombre de Syriens se passionnent pour le bras de fer entre Moscou et l’Occident autour de la crise ukrainienne. Ils y voient un parallèle avec le dossier syrien.
Il y a quelques mois encore, l'Ukraine ne revêtait pas d'intérêt particulier pour les Syriens. Mais aujourd’hui, nombreux sont ceux qui, en Syrie, ont les yeux rivés sur la crise qui secoue ce pays à l'est de l'Europe. Ils se passionnent pour le bras de fer qui s'y est engagé entre Russes et Occidentaux. En témoignent leurs commentaires sur les réseaux sociaux : depuis l'intervention russe en Crimée, les Syriens y échangent de nombreuses caricatures et de dessins humoristiques.
Ils voient, dans la crise ukrainienne, une sorte de "deuxième Syrie". "L’Ukraine ou, après la Syrie, le nouveau bain de sang résultant de guerre froide entre la Russie et l'Occident ?", écrit ainsi R.* sur Facebook. "Espérons que les Occidentaux, avec leurs menaces vaines envers la Russie, ne poussent pas l’Ukraine à sa perte comme ils l’ont fait avec la Syrie", s’inquiète pour sa part S.*. Chacun y va de sa petite analyse, même ceux qui, habituellement, ne sont pas très actifs sur plateformes.
De fait, les deux dossiers présentent des similitudes. L'un et l'autre donnent lieu à des passes d'armes diplomatiques entre la Russie et l’Occident. Dans les deux cas, on retrouve l’aspiration d’un peuple à vivre en démocratie et son refus d'un pouvoir clanique et corrompu. Et les citoyens syriens ne sont pas les seuls à dresser des parallèles entre les deux situations. Dans un billet publié sur son blog très bien renseigné, Ignace Leverrier, ancien diplomate et fin connaisseur du dossier syrien a bien relevé l’intérêt des Syriens pour la crise ukrainienne. Il estime que, pour les Syriens, la Russie a dévoilé son véritable visage en donnant son feu vert pour une intervention en Crimée. Un geste qui, aux yeux des Syriens, devrait discréditer la diplomatie russe sur le conflit syrien et pousser les Occidentaux à accéder à aux demandes d’aide désespérées qu'ils formulent depuis trois ans.
De son côté, le quotidien panarabe à capitaux saoudiens Al-Hayat relève la concomitance "entre le moment où la situation en Ukraine était en train d’échapper au contrôle du Kremlin et le vote à l’unanimité de la résolution relative à l’aide humanitaire en Syrie. La Russie aurait probablement pris une autre position si le vote avait eu lieu quelques jours plus tard."
* Par souci d'anonymat, les internautes dont il est question dans cet article ne sont désignés que par l'initiale de leur prénom.