Rattachée à l’Ukraine, la république autonome de Crimée est en proie à des tensions entre séparatistes pro-russes, majoritaires dans la région, et pro-européens, partisans du nouveau pouvoir ukrainien.
Alors que le calme est revenu à Kiev, où les manifestants de la place Maïdan attendent la formation du nouveau gouvernement, en Crimée - une péninsule russophone du sud de l'Ukraine -, des tensions continuent de cristalliser le conflit entre pro-européens et pro-russes. À Simféropol, la capitale de la région, de brefs affrontements ont opposé, mercredi 26 février, des manifestants, appartenant surtout à l’éthnie tatare, et des pro-russes. Au total, quelque 5 000 personnes étaient rassemblées devant le Parlement criméen, où devait se tenir un débat sur la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovitch. La session a été suspendue.
Les Tatars arboraient des drapeaux ukrainiens et scandaient "Ukraine, Ukraine !", les russophones agitaient des drapeaux de la Russie et de la Crimée, et criaient "Russie, Russie !". Quelques bousculades et jets de bouteille ont eu lieu et des insultes ont fusé des deux camps, postés face-à-face, mais les heurts sont restés contenus par un important cordon de sécurité composé de policiers non-armés. Le rassemblement a commencé à se disperser vers 16H00 (14H00 GMT) suite à des appels au calme de députés locaux à leur sortie du bâtiment.
La Crimée, cédée à l'Ukraine en 1954 par le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev, est la seule région ukrainienne où l'ethnie russe est majoritaire. Moscou y dispose, en outre, d’une importante base navale dans la ville de Sebastopol, point d’accès stratégique à la mer Noire et aux mers chaudes.
Les Tatars, une communauté locale turcophone et de tradition musulmane, installée depuis le XIIIe siècle en Crimée, avait été déportée en Sibérie et en Asie centrale sous Staline, avant de réintégrer la Crimée après la chute de l'URSS en 1991. Minoritaires face aux 60 % de russophones, ils représentent aujourd'hui 12 % des 2 millions d'habitants de la péninsule. Ils ont activement soutenu la contestation anti-Ianoukovitch en Ukraine.
Référendum sur le statut de la Crimée ?
Depuis la destitution, le 22 février, du président Viktor Ianoukovitch, la Crimée est en proie à des tensions séparatistes de plus en plus pesantes. Les pro-russes réclament la tenue d'un référendum sur le statut de la Crimée, ce que rejette fermement le président du Parlement criméen, Volodymyr Konstantinov. "Le Parlement ne va pas discuter d'une sortie de la Crimée de l'Ukraine. Il s'agit d'une provocation visant à discréditer le Parlement autonome de Crimée", a indiqué son porte-parole.
Parallèlement, la Russie a décidé de renforcer la protection de sa base navale à Sébastopol. "Nous étudions attentivement ce qui se passe en Crimée et autour de la flotte de la mer Noire", a déclaré le ministre, Sergueï Choïgou, cité par les agences russes. "Nous prenons des mesures pour garantir la sécurité de nos installations, nos infrastructures et notre arsenal sur la mer Noire", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails sur ces mesures qui ont été annoncées en même temps que d'importantes manœuvres militaires surprises dans l’ouest de la Russie, à la frontière avec l'Ukraine, afin de vérifier que les forces armées sont prêtes au combat.
Avec AFP et Reuters