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Le gouvernement turc renforce son emprise sur la justice

Le président turc a promulgué mercredi une loi très controversée qui renforce l'emprise du gouvernement sur la justice, alors que le régime est éclaboussé par un scandale politico-financier.

C'est une loi très controversée qui est entrée en vigueur mercredi 26 février en Turquie. Le chef de l'Etat turc Abdullah Gül a promulgué un texte renforçant l'emprise du gouvernement islamo-conservateur sur la justice.

Les dispositions de la loi remanient notamment l'organisation et les compétences du Haut conseil des juges et procureurs (HSYK), l'une des plus hautes instances judiciaires du pays, en y renforçant les pouvoirs du ministre de la Justice, notamment dans la nomination des magistrats.

Les débats autour de ce projet de loi ont été très tendus au Parlement. À plusieurs reprises, des élus de la majorité et de l'opposition ont même échangé des coups de poing en plein hémicycle.

L'opposition turque avait ainsi sommé de M. Gül de mettre son veto à ce texte, alors que l'Union européenne (UE) s'était publiquement inquiétée auprès d'Ankara, candidat à l'intégration, d'une remise en cause de "l'indépendance de la justice".

La colère de l'opposition

Pour tenter d'apaiser ces critiques, le chef de l'Etat a, fait inhabituel, justifié dans une déclaration son feu vert à la nouvelle loi. M. Gül y a souligné avoir exprimé ses objections "sur 15 dispositions, clairement contraires à la Constitution", mais a assuré qu'elles avaient été prises en compte lors des débats au Parlement.

Ces amendements n'ont pas calmé la colère de l'opposition, qui a immédiatement confirmé son intention de saisir dès mercredi après-midi la Cour constitutionnelle, a-t-on appris auprès de sa principale formation, le Parti républicain du peuple (CHP).

La promulgation de cette loi controversée intervient alors que le régime islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, est empêtré depuis la mi-décembre dans un scandale de corruption.

Elle complète une vague de purges sans précédent dans la police et la justice turques, que M. Erdogan accuse d'être le coeur d'un complot ourdi par la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen pour le déstabiliser avant les élections municipales du 30 mars et la présidentielle d'août prochain.

Avec AFP