
Après deux ans de procédure, le juge français Marc Trévidic avait récemment obtenu l'autorisation de se rendre en Algérie pour procéder à l'autopsie les têtes des sept moines assassinés en 1996. La visite pourrait avoir lieu "fin mai-début juin".
Après quatre mois de préparation, tout était prêt pour cette visite. Alors que l'exhumation des têtes des sept moines cisterciens de Tibéhirine, assassinés en 1996, devait avoir lieu dans les prochains jours, l’Algérie a reporté la visite du juge français Marc Trévidic "à fin mai-début juin".
"C'est pour nous une immense déception et un camouflet infligé à la justice française", a commenté l'avocat des proches des religieux, Me Patrick Baudouin. "Le magistrat de liaison algérien en France a indiqué au juge Trévidic que tout n'était pas prêt pour cette visite". Cette exhumation, que les magistrats instructeurs réclamaient depuis plus de deux ans, avait été acceptée à l'automne 2013 par les autorités algériennes.
Les familles des victimes "menées en bateau"
"Nous espérons sincèrement que ce déplacement aura lieu, a déclaré Me Baudouin. Mais je suis sceptique, car nous sommes menés en bateau depuis si longtemps dans cette affaire", a-t-il ajouté, en s'interrogeant sur une éventuelle relation entre ce report soudain et "le climat délétère en Algérie à l'approche de la présidentielle".
Marc Trévidic devait arriver en Algérie, le dimanche 2 mars. Un déplacement auquel devaient participer une dizaine de personnes, dont des magistrats, des policiers et des experts.
Après avoir suivi la thèse islamiste [l’enlèvement avait été revendiqué par le GIA, Groupe islamique armé], le juge Trévidic a réorienté l'enquête vers une possible bavure de l'armée algérienne, avec le témoignage en juin 2009 d'un ancien attaché de Défense à l'ambassade de France à Alger. Le magistrat demandait l’audition d’une vingtaine de témoins, dont celle d'un des ravisseurs présumés des moines. Une requête refusée, au grand dam des proches des victimes. En décembre 2013, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait tenu à rappeler au sujet de cette affaire que la justice algérienne était "souveraine comme (...) la justice française".
Avec AFP