logo

La justice ordonne une procédure d'appel "rapide et juste"

Le pouvoir judiciaire iranien a ordonné une procédure d'appel "rapide et juste"pour Roxana Saberi, journaliste irano-américaine condamnée à la prison pour espionnage. Dimanche, le président iranien avait demandé la garantie de ces droits.

AFP - Le pouvoir judicaire iranien a ordonné une procédure d'appel "rapide et juste" pour la journaliste irano-américaine Roxana Saberi, condamnée à huit ans de prison pour espionnage au profit des Etats-Unis, selon un communiqué reçu lundi par l'AFP.

"Les différents aspects de cette affaire (...) devraient être traités en appel de façon juste, précise et rapide", a dit le chef du pouvoir judiciaire l'ayatollah Mahmoud Hachémi Shahroudi, cité par le porte-parole de la Justice Alireza Jamshidi dans le communiqué.

Le président Mahmoud Ahmadinejad avait demandé dimanche au procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi, de faire "le nécessaire pour assurer le respect de la justice et l'exactitude dans l'examen des accusations" portées contre Mlle Saberi.

Toujours selon M. Jamshidi "l'ayatollah Shahroudi a insisté sur le fait que le droit inaliénable de l'accusé est d'avoir accès à un examen juste dans toutes les phases de la procédure, particulièrement en appel".

Roxana Saberi, 31 ans, a été jugée lundi 13 avril puis condamnée à huit ans de prison pour espionnage au profit notamment des Etats-Unis.

Son père, Reza Saberi, a dit à l'AFP qu'elle avait incitée par les enquêteurs à faire de faux aveux de culpabilité contre l'engagement, non tenu, d'être rapidement libérée.

Le président des Etats-Unis Barack Obama a appelé dimanche à sa libération en se disant "absolument certain qu'elle n'était impliquée dans aucune sorte d'activité d'espionnage".

Mlle Saberi est née aux Etats-Unis d'un père iranien et d'une mère japonaise et réside en Iran depuis 2003. Elle dispose d'un passeport iranien. Les autorités ont dit lui avoir retiré sa carte de presse en 2006.

Elle a été interpellée à Téhéran fin janvier.

Dimanche, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait demandé que soient garantis les droits de la journaliste.

Le pouvoir judiciaire a indiqué à l'AFP, par téléphone, que l'ordre de l'ayatollah Shahroudi avait aussi été donné dimanche.

Mais il a été adressé, selon le communiqué, au chef du pouvoir judiciaire de la province de Téhéran, Ali Reza Avayi.

L'ayatollah Shahroudi, qui est nommé par le guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei, a critiqué implicitement M. Ahmadinejad en plusieurs occasions.

C'est la première fois que M. Ahmadinejad intervient dans une affaire judiciaire depuis son élection en 2005.

Il avait cependant mis à profit la détention de marins britanniques en 2007 pour faire montre de magnanimité, ou encore les menaces contre la prix Nobel de la paix Shirin Ebadi en 2008 pour se poser comme son défenseur.

L'annonce du jugement puis de sa condamnation a coïncidé avec une multiplication d'appels au dialogue des Etats-Unis adressés à l'Iran.

Les autorités américaines se montrent volontiers discrètes dans des affaires impliquant des Irano-Américains en Iran par souci de ne pas envenimer les choses et de ne pas permettre au système judiciaire ultra-conservateur iranien d'utiliser contre eux le soutien du gouvernement des Etats-Unis.

Les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues depuis 1980, et le président Obama s'est dit prêt à "tendre la main" à Téhéran.