Les nationalistes ont remporté avec 44% des voix les élections législatives anticipées à Chypre-Nord. Ils ont voulu rassurer la communauté internationale quant à la poursuite des efforts de réunification de l'île, divisée depuis 35 ans.
AFP - Les nationalistes ont remporté haut la main avec 44% des voix les élections législatives anticipées, dimanche à Chypre-Nord, mais ont voulu rassurer la communauté internationale quant à la poursuite des efforts de réunification de l'île divisée depuis 35 ans.
Le Parti de l'unité nationale (UBP, nationaliste) est suivi du Parti républicain turc (CTP/centre-gauche, au pouvoir), avec 29% des voix, selon les résultats complets des 620 bureaux de vote.
Le Parti démocrate (DP, conservateur) recueille 10,7% des suffrages.
Deux partis de gauche ont chacun 6% des votes, franchissant la barre des 5% pour être représenté au Parlement.
Le chef de l'UBP, l'ex-Premier ministre Dervis Eroglu, a tenu à assurer que les négociations visant à trouver un règlement à Chypre seraient poursuivies.
"La poursuite des négociations de réunification est l'une des priorités du Parti de l'unité nationale", a-t-il souligné devant la presse.
L'UBP devrait pouvoir former à lui seul le prochain gouvernement en obtenant 26 sièges au Parlement, qui en compte 50 au total. Le CTP remporte 15 sièges.
M. Eroglu a indiqué que Mehmet Ali Talat, le "président" de la RTCN, sera "soutenu" par l'UBP dans sa mission de négociateur avec la partie grecque (sud), lors des discussions lancées en 2008, et qui avancent sans progrès notable.
M. Talat, un pro-européen et partisan de longue date d'une réunification de Chypre sur la base d'une fédération, devra cohabiter avec M. Eroglu, qui préconise une solution confédérale à deux Etats souverains sur l'île.
Ferdi Sabit Soyer, l'actuel Premier ministre et chef du CTP, a reconnu sa défaite.
161.000 inscrits étaient appelés à voter dans cette petite entité de l'est de la Méditerranée, reconnue uniquement par la Turquie.
Les Chypriotes-turcs avaient voté en 2004 en faveur d'un plan de l'ONU prévoyant la réunification de Chypre, rejeté par les Chypriotes-grecs. L'année suivante, ils ont porté à la tête de la RTCN Mehmet Ali Talat, un "progressiste", pour mener à bien des pourparlers avec le Sud.
Mais, touchés par la crise économique et lassés par la lenteur du processus de négociation, ils ont opté pour les nationalistes, ce qui pourrait compliquer encore les négociations de réunification, qui piétinent.
Même si les nationalistes ne semblent pas prêts dans l'immédiat à bouleverser le cours des négociations, la marge de manoeuvre de M. Talat pourrait à terme en être réduite, selon les analystes.
M. Eroglu a ainsi souligné qu'un représentant de l'UBP accompagnerait dans l'avenir M. Talat à ces pourparlers.
Le CTP détient actuellement 25 sièges au Parlement, qui désigne le représentant aux discussions de paix, tandis que l'UBP dispose de 13 députés.
Le Parlement avait paradoxalement entériné en février une proposition du CTP d'avancer d'un an la date des élections, prévues tous les cinq ans, pour renforcer la position de la RTCN dans les négociations avec la partie grecque.
M. Talat et le président de la République de Chypre, Demetris Christofias, ont entamé en septembre 2008 des pourparlers sous l'égide de l'ONU, mais n'ont enregistré que très peu de progrès.
Chypre est divisée depuis 1974, lorsque l'armée turque a envahi le nord de l'île après un coup d'Etat de Chypriotes-grecs soutenus par Athènes et qui voulaient rattacher Chypre à la Grèce.
L'imbroglio chypriote gêne les efforts déployés par la Turquie pour adhérer à l'Union européenne.