![Pékin proteste contre la rencontre entre Sarkozy et le dalaï-lama Pékin proteste contre la rencontre entre Sarkozy et le dalaï-lama](/data/posts/2022/07/14/1657783544_Pekin-proteste-contre-la-rencontre-entre-Sarkozy-et-le-dalai-lama.jpg)
Pékin a décidé de reporter le sommet entre l'Union européenne et la Chine, prévu le 1er décembre, en réaction à la rencontre prévue le 6 décembre entre le président français et le chef spirituel tibétain.
La Chine a protesté mercredi contre la rencontre prévue entre Nicolas Sarkozy et le dalaï lama en reportant un sommet avec l'UE, geste inédit qui prouve que les contacts avec le chef spirituel tibétain sont un casus belli pour ses relations avec l'Europe.
"L'Union européenne, qui s'était fixé des objectifs ambitieux" pour ce sommet lundi 1er décembre à Lyon, "prend acte et regrette cette décision de la Chine", a réagi le Conseil de l'UE (organe représentant les 27 Etats de l'Union européenne) dans un communiqué.
Un conseiller de Nicolas Sarkozy a déploré la réaction de Pékin, insistant sur le besoin de "dialogue" en pleine crise économique et financière. "Ce n'est pas une décision positive qui aide, qui permet de progresser dans le partenariat", a-t-il estimé.
Le sommet n'a pas été reprogrammé. Les sommets UE-Chine sont annuels, organisés alternativement en Chine et dans le pays assumant la présidence de l'UE.
Les autorités chinoises ont invoqué de prochaines "rencontres entre le dalaï lama et des dirigeants européens", a précisé l'UE.
"La balle est dans le camp de la Chine, c'est elle qui a pris la responsabilité de reporter ce sommet. Pour nous, la porte reste ouverte", a indiqué une porte-parole de la présidence française de l'UE.
Le dalaï lama, Prix Nobel de la Paix 1989 pour sa lutte pacifique contre la domination chinoise au Tibet, doit notamment rencontrer le 6 décembre le président français Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'UE, à l'occasion d'une réunion de Prix Nobel organisée à Gdansk (Pologne).
Il a aussi prévu de se rendre en République Tchèque et en Belgique, et sera au Parlement européen le 4 décembre.
La Chine s'est toujours opposée aux contacts entre des dirigeants étrangers et le dalaï lama, qu'elle accuse de vouloir l'indépendance du Tibet, même s'il ne prône qu'une plus grande autonomie, et avait abondamment mis en garde la France sur l'impact négatif d'une telle rencontre.
En septembre 2007, une rencontre entre la chancelière allemande Angela Merkel et le chef tibétain avait refroidi les relations Berlin-Pékin pour plusieurs mois.
Le Premier ministre britannique Gordon Brown a rencontré fin mai le dalaï lama, entrevue qualifiée d'"inter-religieuse" qui n'avait pas provoqué les foudres de Pékin.
Nicolas Sarkozy, lui, est dans le collimateur des Chinois depuis le printemps.
Les relations franco-chinoises avaient déjà été malmenées après les émeutes au Tibet en mars, avec des appels au boycottage des produits français en Chine.
M. Sarkozy avait fait dépendre sa venue à la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques de Pékin, début août, de la reprise du dialogue entre les Chinois et les représentants du dalaï lama.
Le dialogue avait repris - même si les émissaires du dalaï lama l'ont depuis qualifié d'"échec" -, permettant à M. Sarkozy d'assister à la cérémonie. Le chef de l'Etat s'était dans la foulée abstenu de rencontrer le dalaï lama, en visite en France.
Pour le co-président des Verts au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit, qui avait condamné la participation de M. Sarkozy à la cérémonie, la réaction chinoise est la "démonstration que toute la stratégie de l'UE de se mettre à genoux devant eux avant les Jeux olympiques a bel et bien échoué".
Même si la susceptibilité de Pékin sur le dossier tibétain est notoire, le report du sommet est "spectaculaire", selon François Godement, spécialiste de la Chine à l'Ecole des Sciences politiques à Paris.
Elle montre selon lui que les Chinois - qui n'ont jamais réagi ainsi aux rencontres du président américain George W. Bush avec le dalaï lama - "traitent les Européens comme des voisins de la Chine". Ils leur "mettent la pression" d'autant plus volontiers que les Européens sont totalement "désunis sur le Tibet".