
Le Vatican entame une lourde semaine. Les huit cardinaux chargés de conseiller le pape sont réunis depuis lundi pour évoquer d'éventuelles réformes. Jeudi et vendredi, les cardinaux du monde entier aborderont, au Vatican, le thème de la famille.
Le cardinal Maradiaga le surnomme le "C8" - C comme cardinal. La réunion des huit cardinaux, conseillers du pape François en matière de réformes est aussi communément appelé le "G8 du Vatican". Cet influant groupe, composé de fortes personnalités venant d'Allemagne, d'Italie, des États-Unis, du Honduras et du Chili, d'Inde, d'Australie et de République démocratique du Congo, forme désormais un conseil consultatif institutionnalisé.
Ils sont réunis depuis lundi 17 février, pour la troisième fois depuis le début du pontificat de François, afin, notamment, de plancher sur la difficile réforme de la banque du Vatican connue sous le nom de l’Institut pour les œuvres de religions (IOR), et des institutions de la Curie romaine. Deux dossiers d’envergure auxquels François s’était engagé à s’atteler au début de son pontificat.
Remettre les laïcs au cœur de l’Église
Réuni pour trois jours à huis clos à la Maison Sainte-Marthe où le pape a élu domicile, le "C8" a entendu les rapports des deux commissions d’experts désignés l’été dernier par le pape pour évaluer d’un côté l’IOR, et de l’autre les structures économico-administratives du Saint-Siège. Des audits en somme, auxquels ont participé de grands cabinets externes qui doivent donner lieu à des propositions de réforme. Il se murmure ainsi qu’un ministère des Finances du Vatican pourrait être créé pour chapeauter les différents organes économiques et financier du Vatican.
Également au programme de leurs discussions, coordonnées par le Hondurien Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga, la fusion de certains conseils pontificaux et la création d'un "grand ministère" en charge des questions liées aux laïcs. Une idée pour le moins révolutionnaire. "Cela est bien sûr tout à fait nécessaire dans l’Église", soutient le cardinal Maradiaga dans un entretien au quotidien "La Croix" publié lundi. "Nous avons une Congrégation pour les évêques, pour la vie religieuse, pour le clergé et seulement un Conseil pontifical pour les laïcs, qui forment pourtant la majorité de l’Église", observe-t-il. Et d’affirmer : "Nous ne pouvons pas continuer ainsi". Le Conseil pontifical, organe qui représente actuellement les laïcs à la Curie, ne dispose pas de pouvoir légal, contrairement aux congrégations que l’on peut comparer aux ministères.
Le religieux hondurien va encore plus loin et propose qu’au sein de cette éventuelle congrégation, un Conseil pontifical soit dirigé par un couple de laïcs mariés. Selon lui, "le pape souhaite impulser une large décentralisation dans l'Église, plaçant les laïcs, hommes ou femmes, en situation de co-responsabilité". Des thématiques qui mèneront les cardinaux à évoquer les questions liées à la pastorale de la famille. Un autre dossier cristallisant beaucoup d’attentes de la part des fidèles.
La famille en question
Le moment choisi pour la réunion du "C8" n’est pas anodin puisqu’elle survient à la veille du premier consistoire, réunion des cardinaux du monde entier, du pontificat de François. Jeudi et vendredi, ils se retrouveront au Saint-Siège, pour préparer les synodes, (grand rassemblement d’ecclésiastiques), sur la famille que le souverain pontife à déjà convoqués.
Car pour François, la famille, qui est en plein bouleversement, doit être un point central de son action. Il a fixé trois rendez-vous pour cela : la rencontre de cette semaine, ainsi que deux synodes, à l'automne et au printemps prochains. Il semble conscient de la nécessité d'apporter des réponses à des réalités concrètes de chrétiens qu'ils soient divorcés, parents célibataires, homosexuels. Pour mieux répondre aux problématiques diverses des 1,2 milliards de baptisés que compte l’Église catholique, un questionnaire autour de ces thématiques a été envoyé dans des milliers de paroisses à travers le monde. Le Vatican en fait actuellement la synthèse.
Selon nombre d’observateurs du Vatican, le temps des réformes est arrivé. À la veille de ces travaux, un haut prélat de la Curie romaine a invité des prêtres, avec qui il célébrait la messe, à prier pour le pape François, affirmant que celui-ci devrait prendre "des décisions graves pour l'Église". Samedi, jour de la fête de la chaire de Saint Pierre, premier pape de l’Église, François présidera les cérémonies pour la création de 19 nouveaux cardinaux d'une quinzaine de nationalités différentes. Encore une fois le pape argentin imprime sa marque avec un choix très personnel, privilégiant des hommes de terrain, des pasteurs, parfois inconnus, plutôt que des princes de la Curie.