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Les Chypriotes turcs renouvellent leur Parlement

Alors que les Chypriotes turcs élisent leurs députés, les sondages donnent vainqueurs les adversaires de la réunification. Un choix qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur le processus de paix avec les Chypriotes grecs.

AFP - Les Chypriotes-turcs renouvelaient dimanche leur Parlement dans des élections qui devraient consacrer une avancée des nationalistes et compliquer les efforts de réunification de l'île divisée depuis trente-cinq ans.

Quelque 161.000 inscrits sont appelés à voter dans ce petit territoire de l'est de la Méditerranée, la République turque de Chypre du nord (RTCN), autoproclamée et reconnue uniquement par la Turquie voisine. La presse turque estime à environ 100.000 le nombre d'électeurs colons émigrés de Turquie.

Les bureaux de vote ont ouvert à 05H00 GMT et doivent fermer à 15H00 GMT. Les premiers résultats sont attendus vers 17H00 GMT.

Les Chypriotes-turcs ont voté en 2004 en faveur d'un plan de l'ONU prévoyant la réunification de Chypre, rejeté par les Chypriotes-grecs, et, l'année suivante, ont porté au pouvoir Mehmet Ali Talat, un "progressiste", pour mener à bien des négociations avec le Sud.

Mais touchés par la crise économique et lassés par la lenteur du processus de négociation, la majorité des électeurs du Nord pourraient pencher en faveur des nationalistes, selon des analystes.

Le retour des nationalistes au pouvoir signifierait que les discussions, déjà délicates avec un dirigeant chypriote-turc partisan de la réunification, deviendraient encore plus difficiles.

Les nationalistes ont cependant annoncé que M. Talat poursuivrait sa mission de négociateur même si l'opposition remportait les législatives.

Les sondages, bien qu'assez peu fiables, prédisent une avancée du Parti de l'unité nationale (UBP, nationaliste) de l'ex-Premier ministre Dervis Eroglu, devant le Parti républicain turc (CTP, centre-gauche) au pouvoir. Cinq autres partis sont en lice.

Le CTP gouverne actuellement avec le Parti libéral de la réforme (ÖRP). Il détient 25 des 50 sièges du Parlement tandis que son partenaire en contrôle cinq.

L'UBP dispose de 13 députés et le Parti démocratique (DP, conservateur) de 6.

Les députés avaient paradoxalement entériné en février une proposition du CTP d'avancer d'un an la date des élections, normalement prévues tous les cinq ans, pour renforcer la position de la RTCN dans les négociations de paix avec les Chypriotes-grecs.

M. Talat et le président de la République de Chypre, le communiste Demetris Christofias, ont entamé en septembre 2008 des pourparlers sous l'égide de l'ONU, mais n'ont enregistré que très peu de progrès.

Chypre est divisée depuis l'invasion du nord de l'île en 1974 par l'armée turque en réponse à une tentative de coup d'Etat mené par des nationalistes chypriotes-grecs pour un rattachement à la Grèce.

M. Christofias, qui entretient de bonnes relations avec M. Talat, a prédit un revers dans les négociations si l'opposition remportait le scrutin.

"Si nous ne pouvons pas régler les choses avec cet homme (Talat), qui est considéré comme un progressiste, alors j'ignore si jamais nous pourrons le faire", a-t-il dit.

La crise économique aussi a eu des retombées en RTCN, qui dépend économiquement de la Turquie, actuellement en récession, et a provoqué un mécontentement à l'égard du parti au pouvoir.

L'inflation a grimpé à 11,6% en mars et le nombre de sans-emplois a atteint près de 10% de la population active, selon des statistiques officielles.

La Turquie maintient 30.000 soldats en RTCN et refuse d'établir des relations diplomatiques avec le Sud de Chypre tant qu'une solution globale n'aura pas été trouvée.