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L'Ukraine tente, mardi, de résoudre la crise qu'elle traverse avec une session extraordinaire du Parlement et un sommet entre l'UE et la Russie. Premier signe de recul : Kiev a aboli les lois anticontestation.

La crise ukrainienne vit une journée cruciale, mardi 28 janvier. Le pouvoir ukrainien a accepté d’abroger les lois anticontestation, à l’origine de la radicalisation du mouvement de protestation contre le président Viktor Ianoukovitch. Une décision validée par les députés ukrainiens, qui ont annulé ces lois vivement critiquées par les pays occidentaux comme étant une atteinte aux libertés.

Une session extraordinaire du Parlement, consacrée à la situation politique dans l'ex-république soviétique, s’est ouverte aujourd’hui, tandis qu'à Bruxelles, la question ukrainienne occupera grandement le sommet entre l'Union européenne (UE) et la Russie. Mais ce rendez-vous s’annonce particulièrement difficile, les relations entre Bruxelles et Moscou se trouvant quelque peu dégradées par cette crise et par des accusations mutuelles d'ingérence.

Par ailleurs, la chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, a annoncé qu’elle se rendrait en Ukraine mardi, soit 48 heures plus tôt que prévu, pour aider à désamorcer la crise déchirant ce pays. Son bureau a indiqué à l’AFP qu’elle partirait à Kiev après un entretien avec le président russe Vladimir Poutine à Bruxelles et qu’elle passerait la journée de mercredi dans la capitale ukrainienne.

Démission du Premier ministre

Dans la matinée, le Premier ministre ukrainien Mykola Azarov a annoncé par voie de communiqué qu’il avait présenté sa démission au président Viktor Ianoukovitch. "J'ai pris la décision de demander au président d'accepter ma démission du poste de Premier ministre, pour créer les conditions supplémentaires d'un compromis politique et d'un règlement pacifique du conflit", explique Mykola Azarov dans un document publié sur le site du gouvernement.

Cette démission du Premier ministre - et donc de l'ensemble son gouvernement - a été acceptée par le président ukrainien, selon un décret publié dans l'après-midi sur le site de la présidence. Le gouvernement actuel continue cependant de travailler en attendant la formation d'une nouvelle équipe, est-il précisé.

Viktor Ianoukovitch lâche du lest

Sous pression, le président Viktor Ianoukovitch semble enclin à négocier. Après avoir déjà fait, samedi, une série de concessions, proposant les postes les plus élevés du gouvernement à l'opposition. Tout en se disant prêt à céder une partie de ses pouvoirs au gouvernement, il a fait une concession majeure, lundi, en répondant à l'une des exigences essentielles de l'opposition : l'abolition des lois anti-contestation votées le 16 janvier, qui réduisaient drastiquement la liberté de manifester et d'expression.

La session extraordinaire du Parlement, dominée par le Parti des Régions au pouvoir, doit étudier de nouvelles concessions consenties par Viktor Ianoukovitch lors des pourparlers de dernière minute, tenus lundi avec les trois chefs du mouvement de contestation, Arseni Iatséniouk, Vitali Klitschko et Oleg Tiagnybok.

Les députés débattront notamment d'une amnistie pour les manifestants interpellés lors de heurts avec la police et de la mise en place d'un groupe de travail chargé de réviser la Constitution, qui selon l'opposition accorde trop de pouvoirs à la présidence. Pour maintenir la pression sur les autorités et soutenir les députés de l'opposition, la Patrie, le parti de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, a appelé à un rassemblement, mardi, sur la place de l'Indépendance à Kiev.

Sur le terrain, les contestataires ont accepté d’évacuer le ministère de la Justice, situé en plein centre de Kiev, qu'ils occupaient depuis dimanche soir. Les autorités avaient menacé de décréter l'état d'urgence et de mettre fin aux pourparlers si cette occupation perdurait, tandis que les leaders de l’opposition avaient invité les manifestants à quitter les lieux.

L'opposition est mobilisée depuis plus de deux mois après le refus du chef de l'État, fin novembre, de signer un accord de libre-échange avec l'Union européenne. Il avait alors préféré se rapprocher de Moscou.

Avec AFP