
François Hollande doit achever mardi une visite officielle en Turquie, une première pour un président français depuis 1992. Son principal objectif : apaiser une relation bilatérale qui s'est grandement détériorée ces dernières années. Reportage.
Le potentiel économique de la Turquie continue à faire de ce pays un partenaire privilégié d'une Europe au ralenti. Mais la France reste à la traîne en matière d'échanges avec ce pays émergeant. En visite officielle en Turquie les 27 et 28 janvier, François Hollande entend relancer les échanges économiques franco-turcs, tout juste renaissants, après plusieurs années de tensions diplomatiques marquées par des accrochages houleux, notamment sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
Ce dernier était le chef de file des Européens farouchement opposés à l'adhésion turque à l’Union européenne. Un affront qu’Ankara n’a pas oublié. C’est également sous l’ère Sarkozy qu’une crise diplomatique a été déclenchée par le vote d’une loi française qui entendait pénaliser la négation du génocide arménien. En 1915, alors que l'Empire ottoman vit ses dernières heures, la communauté arménienne est victime de déportations massives et de massacres de grande ampleur.
Si la Turquie moderne, née sur les cendres de cet empire, refuse catégoriquement de reconnaître ces évènements, la France, qui abrite une importante diaspora arménienne reconnaît officiellement ce génocide.
En Turquie, même ceux qui sont en faveur de la question arménienne, et dont la vie est menacée du fait de leur positionnement, s'oppose malgré tout aux lois votées par les Parlements étrangers sur le dossier arménien. "Lorsqu'une loi de ce genre est discutée en France ou ailleurs, cela sert dans un sens les intérêts des nationalistes turcs, qui expliquent que le monde entier est contre la Turquie pour défendre un mensonge", confie à FRANCE 24, Rober Koptaş, le rédacteur en chef du journal Agos. Il y a sept ans, son prédécesseur Hrant Dink avait été assassiné en pleine rue par un nationaliste turc.
Le monde des affaires pénalisé
Résultat, la position française sur l’adhésion turque à l’UE et sur le génocide arménien a fait une victime collatérale : le monde des affaires. Un boycott avait ainsi visé les entreprises françaises implantées en Turquie, après le vote de la loi réprimant la négation du génocide arménien, même si les tensions s'étaient apaisées après l'invalidation de cette loi par le Conseil constitutionnel. Toujours est-il qu’entre 2009 et 2012, la part de marché française en Turquie a chuté de 6% à 3%.
La situation semble néanmoins s’inverser depuis quelques temps, et Paris, avec la visite de François Hollande, - une première pour un chef d’État français depuis 1992 -, entend enfoncer le clou. À l’instar de Remi Asencio, un jeune entrepreneur, de plus en plus de jeunes français viennent à la conquête de ce pays émergeant, dont la France reste le 8e partenaire économique.
"Aujourd'hui pour moi la Turquie, ça représente, économiquement parlant, peut-être pas un eldorado, mais en tous cas un pays dans lequel on peut encore faire énormément de choses", explique-t-il à FRANCE 24.