logo

Menaces terroristes sur les JO de Sotchi

Des islamistes du Caucase russe ont menacé, dans une vidéo diffusée lundi, de commettre des attentats pendant les Jeux olympiques de Sotchi, prévus du 7 au 23 février. Des menaces prises très au sérieux par le Kremlin.

"En ce qui concerne les Jeux Olympiques, nous avons préparé un cadeau pour toi et pour les touristes, afin de venger le sang des musulmans répandu dans le monde entier", menacent deux hommes d'environ 25 ans, en s'adressant au président Vladimir Poutine. Ces deux hommes, apparaissant le visage découvert, sont présentés comme les auteurs des attentats-suicides de Volgograd, au sud de la Russie, qui ont fait 34 morts fin décembre.

Vdagestan.com est le site des islamistes du Daguestan, l'une des républiques du Caucase russe les plus instables et les plus touchées par la rébellion islamiste armée.

Diffusée par le site djihadiste vdagestan.com, cette vidéo non datée de 49 minutes, intitulée "appel de Suleiman et Abdurakhman avant l'opération à Volgograd", est présentée comme le message d'adieu des deux kamikazes présumés. Le document montre des images des deux attentats de Volgograd, la préparation d'une bombe et la manière dont elle a été attachée au bras d'un kamikaze et reliée à un détonateur dans la paume de sa main.

"Il convient de prendre ces menaces au sérieux"

Les deux hommes appellent à "porter le djihad non seulement dans le Caucase mais aussi dans les grandes villes de Russie". Et d'assurer qu'un grand nombre de jeunes gens sont prêts à participer à des attentats-suicides, comme ceux de Volgograd perpétrés dans une gare et un trolleybus.

Pour l'expert indépendant Andreï Soldatov, "il convient de prendre ces menaces au sérieux, d'autant que ces groupes ont montré avec les attentats de Volgograd qu'ils étaient en mesure d'opérer en dehors du Caucase du nord". Le chef de la rébellion islamiste du Caucase, Dokou Oumarov, qui a revendiqué dans le passé plusieurs attentats meurtriers à Moscou et dans d'autres villes de Russie, avait déjà appelé en juillet 2012 à "empêcher par tous les moyens" la tenue des JO d'hiver.

La sécurité aux JO est l'une des préoccupations majeures des autorités russes, qui se dérouleront à Sotchi, au bord de la mer Noire et des montagnes du Caucase. "Notre tâche en tant qu'organisateurs est d'assurer la sécurité des participants et des spectateurs, et nous allons tout faire en ce sens", a déclaré, vendredi, Vladimir Poutine. Le chef de l'État a fait de cet évènement une opération de prestige pour la Russie.

À moins de trois semaines de l'ouverture des JO, Sotchi est déjà quasiment en état de siège, avec des contrôles draconiens, des policiers à chaque coin de rue, d'autres déployés sur les routes reliant les différents sites olympiques, devant les télésièges et dans les trains. Pas moins de 37 000 policiers et des unités de l'armée de terre équipées de missiles sont mobilisés pour assurer la sécurité du plus grand événement international en Russie depuis la chute de l'URSS, en 1991.

La surveillance s'effectuera aussi depuis le ciel, avec un système par satellite et des dizaines de drones. Tous les échanges téléphoniques et sur l'Internet seront surveillés par le puissant Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB).

"On ne peut pas arrêter tout le monde"

"Les mesures de sécurité ? On a pu cacher une bombe à Sotchi il y a un an. Une femme enceinte peut cacher une bombe. On ne peut pas arrêter tout le monde", estime l'expert du Caucase Alexeï Malachenko de la fondation Carnegie. Le même sentiment est partagé par Grigori Chvedov, le rédacteur en chef du site spécialisé sur le Caucase, Kavkaz-uzel. "Si quelqu'un a eu besoin de faire passer 100 kilos d'explosifs à Sotchi, cela aurait été fait il y a longtemps. Les chantiers à Sotchi ont débuté bien avant que ne commencent les contrôles, et sur ces chantiers ont travaillé des ouvriers clandestins et d'autres venant du Caucase du nord". Il juge cependant plus importante "la menace d'attentats-suicides."

Lundi, des correspondants de l'AFP ont vu, dans des commissariats de police et des centres commerciaux de Sotchi, les portraits de trois jeunes femmes, originaires du Daguestan, recherchées car "liées aux extrémistes religieux et susceptibles d'avoir été entrainées pour des attentats-suicides". Et non loin de Sotchi, dans le Caucase du nord, les attaques se poursuivent à un rythme quasi-quotidien. Vendredi dernier, un attentat au lance-grenades et à la voiture piégée a fait 16 blessés à Makhatchkala, la capitale du Daguestan, à environ 600 km de Sotchi.

Avec AFP

VIDEO - Des islamistes du Caucase russe menacent de commettre des attentats pendant les JO de Sotchi