
Quelques heures après que l’ONU a invité l’Iran à la Conférence de paix de Genève-2, la principale organisation des opposants à Assad avait menacé de boycotter l'événement en cas de présence de Téhéran. Lundi, elle a assorti sa menace d'un ultimatum.
À peine a-t-elle confirmé sa présence que l’opposition syrienne menace de boycotter la conférence de paix de Genève-2 qui doit s’ouvrir le 22 janvier. En cause : l’invitation à la table des négociations que l’ONU a lancée à l’Iran dimanche 19 janvier. Lundi, le groupe a même posé un ultimatum.
"Nous posons un ultimatum et attendons que cette invitation soit retirée avant 19h00 GMT", a déclaré à Istanbul Anas Abdah, membre du comité politique de la CNS, principale organisation de l'opposition syrienne soutenue par les Occidentaux et les pays du Golfe.
Louay Safi: The Syrian Coalition announces that they will withdraw their attendance in G2 unless Ban Ki-moon retracts Iran's invitation
— Syrian Coalition (@SyrCoalition) 20 Janvier 2014Cette annonce intervient après que Ban Ki-moon a annoncé, dimanche, avoir lancé ladite invitation à l’issue d’intenses discussions avec le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif. L'Iran, principal allié régional de Damas, s'est engagé à jouer "un rôle positif et constructif" pour mettre fin au conflit syrien, a expliqué Ban Ki-moon.
La transition politique comme condition
Les États-Unis et les puissances occidentales s'étaient opposés à la participation de l'Iran tant que ce dernier n'aurait pas accepté un communiqué adopté à Genève le 30 juin 2012 appelant à un gouvernement de transition en Syrie.
Une condition encore rappelée dimanche soir par Washington : "Si l'Iran ne souscrit pas totalement et publiquement au communiqué de Genève, l'invitation devra être retirée", a déclaré la porte-parole du département d'État, Jen Psaki.
Mais l’Iran semble enclin aux concessions, selon Ban Ki-moon. "Le ministre Zarif et moi-même convenons que le but des négociations est d'établir, par consentement mutuel, un gouvernement de transition disposant de la plénitude du pouvoir exécutif." Et le secrétaire général de l’ONU d’ajouter : "Je crois fermement que l'Iran doit faire partie de la solution à la crise syrienne".
Les autres pays invités sont l'Australie, Bahreïn, la Belgique, la Grèce, le Luxembourg, le Mexique, les Pays-Bas, la Corée du Sud et le Vatican.
Même si les deux camps parvenaient finalement à se retrouver en Suisse, pour trouver une solution politique au conflit syrien qui a fait plus de 130 000 morts en près de trois ans, leurs objectifs respectifs semblent, toutefois, inconciliables. D’un côté, l’opposition martèle que son seul but et de se débarrasser de Bachar Al-Assad. De l’autre, le régime a répété, à plusieurs reprises, qu'il ne comptait pas "remettre le pouvoir à qui que ce soit" lors de Genève-2.
Sur le terrain, les combats continuent
Autre signe d’un contexte peu favorable : le président de la Coalition de l'opposition, Ahmad Jarba, a accusé le régime de faire du "terrorisme d'État", affirmant qu'il était responsable de la présence sur le terrain des combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Ce groupe, lié à Al-Qaïda, est actuellement au cœur de combats meurtriers avec les rebelles, leur ancien allié.
Ahmad Jarba a aussi prévenu que la participation à la conférence ne signifiait pas la fin des opérations contre les forces d'Assad menées par l'opposition et sa branche armée, l'Armée syrienne libre (ASL). Les combats se sont d’ailleurs poursuivis, dimanche, faisant 30 morts, dont 15 tués par des bombardements aux barils d'explosifs dans la région d'Alep, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Cependant, le régime syrien - sous l’influence de Moscou - a fait, vendredi, une série de concessions humanitaires, proposant un "échange de prisonniers" et un plan de cessez-le-feu dans la région d'Alep (nord). De l'aide alimentaire est entrée et des civils ont été évacués du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, à Damas, assiégé par l'armée depuis des mois.
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Avec AFP