Près de 200 000 manifestants pro-européens se sont rassemblés, dimanche, au cœur de Kiev, défiant le président pro-russe Viktor Ianoukovitch, qui a promulgué de nouvelles lois renforçant les sanctions contre les contestataires.
Répondant à l'appel des chefs de file de l'opposition ukrainienne, près de 200 000 opposants pro-européens ont manifesté, dimanche 19 janvier, malgré des températures quasi-polaires, sur la place de l'Indépendance à Kiev. Une mobilisation synonyme de défiance pour le pouvoir pro-russe, après l'adoption de nouvelles lois introduisant ou renforçant les sanctions à l'encontre des contestataires.
Les textes de lois, votés à main levée en plein chaos au Parlement, dominé par les alliés du président Viktor Ianoukovitch, sont perçus par l’opposition comme une tentative de museler le mouvement de contestation.
Bravant l'interdiction jusqu'au 8 mars de toute manifestation dans le centre de Kiev, les manifestants se pressaient sur et aux alentours de la place de l'Indépendance, occupée depuis près de deux mois par des opposants pro-européens. Et ce, après le refus du président Viktor Ianoukovitch de signer un accord d'association avec l'Union européenne au profit d'un rapprochement avec Moscou.
Violents affrontements entre force de l'ordre et manifestants
Des échauffourées ont éclaté à la fin de la manifestation, entre des policiers et certains manifestants qui tentaient de franchir un cordon de sécurité pour se rendre au Parlement. Ces derniers se sont emparés de fourgons de police, ont mis le feu à deux d'entre eux et lancé des pierres et des fumigènes sur les forces de l'ordre.
Les policiers ont répondu en usant de canons à eau, gaz lacrymogène et matraques. Quatre participants aux heurts ont été arrêtés, a indiqué le ministère de l'Intérieur dans la soirée. Plus de 30 membres des forces de l'ordre ont été blessés, certains avec des traumatismes crâniens, selon la même source. L'un d'eux a été attrapé par les protestataires et passé à tabac avant que ses collègues ne viennent à son secours. Au moins neuf manifestants ont aussi été blessés, selon un correspondant de l'AFP.
À la fin de cette journée de violences, le président Ianoukovitch a promis de son côté de créer une commission pour mettre fin à la crise.
Un nouveau souffle à la protestation
S'exprimant tour à tour sur une scène, dimanche, les leaders de l'opposition ont dénoncé ces nouvelles lois. "Nous déclarons illégale la nouvelle législation adoptée", a déclaré le boxeur Vitali Klitschko, chef du parti Oudar (Coup), avant d'appeler les forces de l'ordre à rejoindre le camp des opposants. "Je m'adresse aux forces de l'ordre : passez dans le camp du peuple !", a-t-il lancé.
"Le Parlement a perdu sa légitimité, cela signifie que nous devons créer un conseil du peuple parmi les hommes politiques d'opposition", a, de son côté, clamé Arseni Iatseniouk, responsable du parti de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko. Les responsables de ces partis ont toutefois été sifflés par la foule, leur reprochant de ne pas avoir de plan d'action.
Alors que le mouvement de contestation avait réussi à mobiliser des centaines de milliers de personnes en décembre, il s'était essoufflé après la signature le 17 décembre à Moscou d'accords économiques. Ces derniers prévoient un crédit de 15 milliards de dollars à l'Ukraine et la baisse d'un tiers du prix du gaz russe. Mais l'adoption de ces nouvelles lois répressives semblent avoir redonné un nouveau souffle à la protestation.
Avec AFP