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La justice française autorise l'extradition du Kazakh Abliazov vers la Russie

La justice française, qui a examiné une double demande d'extradition formulée par Kiev et Moscou à l'encontre de Moukthar Abliazov, a rendu un avis favorable et exprimé une préférence pour la Russie, où l'oligarque est soupçonné d'escroquerie.

La justice française s'est prononcée jeudi 9 janvier en faveur de l'extradition - vers la Russie en priorité - de l'opposant et oligarque kazakh Moukhtar Abliazov soupçonné de malversations financières. Paris a également validé la demande d’extradition vers l’Ukraine.

La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a donc suivi les réquisitions de l'avocate générale, Solange Legras, formulées le 12 décembre lors de l'audience sur le fond. L’avocat de Abliazov a, de son côté, annoncé que son client se pourvoirait en cassation – une procédure qui suspend l’extradition.

L'épouse d'Abliazov, Alma Chalabaieva, redoutait cette décision de la justice française. "Si les juges français l'extradent, je ne le verrai plus jamais. Ce serait terrible", a-t-elle déclaré mardi 7 janvier lors d'une rencontre organisée par les défenseurs de son mari à Paris.

L’affaire Abliazov s’était ouverte en France en juillet 2013 avec son interpellation spectaculaire par la police française dans une somptueuse villa de la Côte d’Azur. Elle avait ensuite rapidement pris une dimension internationale.

Trois pays avaient demandé l'extradition du dissident kazakh : le Kazakhstan, la Russie et l'Ukraine. Mais en l’absence de convention d'extradition existant entre la France et le Kazakhstan, seules la Russie et l’Ukraine avaient pu prétendre à cette requête.

Un préjudice de cinq milliards de dollars

L’homme est poursuivi dans son pays et en Ukraine pour "escroquerie à grande échelle pour un préjudice de cinq milliards de dollars", lorsqu’il était à la tête de la banque kazakh BTA. Il est accusé par le gouvernement ukrainien d'avoir détourné 400 millions en particulier via des détournements de fonds vers des comptes off-shore .

Abliazov, âgé de 50 ans, avait été emprisonné en 2002 après avoir pris la tête d'un parti d'opposition au régime du président Noursoultan Nazarbaïev. À sa libération, il avait pris la tête de la BTA, qui a connu un rapide développement, avant de fuir à Londres en 2009, accusé de détournement de fonds. Pour les avocats de la BTA, nationalisée par le régime de fer du président Noursoultan Nazarbaïev, le préjudice financier est tel qu’ils n’hésitent pas à comparer Moukhtar Abliazov à l’escroc américain Bernard Madoff.

En 2012, il fuit la Grande-Bretagne, où il a été condamné à 22 mois de prison pour outrage à magistrat et dissimulation d'actifs, pour l'Italie. Fin mai 2013, son épouse Alma Chalabaieva et leur fillette de six ans avaient été expulsées de ce nouveau pays d'accueil vers le Kazakhstan, une décision qui avait à l’époque déclenché une crise politique à Rome. Elles avaient finalement pu regagner Rome.

Avec AFP et Reuters

Tags: Kazakhstan, France,