Les négociations entre le gouvernement et les rebelles sud-soudanais avancent péniblement. Sur le terrain, les combats continuent de faire rage, contraignant des centaines de milliers de civils à fuir leurs domiciles.
À Addis-Abeba, en Éthiopie, les pourparlers visant à un cessez-le-feu au Soudan du Sud, théâtre de sanglants affrontements depuis le 15 décembre dernier, semblent piétiner. Le gouvernement de Salva Kiir apparaît confiant sur l’avancée des négociations, mais le ton est sensiblement différent du côté des rebelles. Riek Machar, leur leader, exige la libération immédiate de 11 de ses proches, en échange d’un arrêt des hostilités.
Dans la capitale sud-soudanaise, Juba, la population prise entre deux feux a massivement manifesté, mercredi 9 janvier, pour exiger un arrêt des hostilités. "Nous, la société civile, demandons fermement aux deux belligérants d’entamer immédiatement un dialogue pour résoudre leur différend de façon non-violente", hurlait un manifestant.
Pour l’heure, les combats font rage, atteignant notamment la ville stratégique de Bor, dans l’État de Jonglei, à 200 km au nord de Juba. La ville a changé plusieurs fois de mains au cours des dernières semaines et se trouve actuellement occupée par les rebelles. Les civils fuient par milliers les affrontements à l’artillerie lourde.
D'autres affrontements ont été signalés dans l'État pétrolier du Haut-Nil, dans le nord-est, où les rebelles affirment bénéficier de nouvelles défections au sein de l'armée, et dans un autre État pétrolier, celui d'Unité, au nord.
Catastrophe humanitaire
Dans les camps de réfugiés, les civils débarquent par vagues, toujours plus nombreux. Les organisations humanitaires ont aujourd’hui du mal à faire face. À Juba, 30 000 Soudanais sont aujourd’hui réfugiés dans des bases des Nations Unies, sous haute surveillance.
Les casques bleus organisent les patrouilles dans l’immense camp et attendent des renforts. "Dès la semaine prochaine, nous devrions voir arriver 350 nouveaux policiers. Nous attendons des Rwandais, des Ougandais, qui viendront renforcer la force actuelle de l’ONU. Cela se fait lentement mais c’est en cours", explique Ariane Quentier, porte-parole de la mission des Nations Unies au Soudan du Sud.
Selon l'ONU, quelque 200 000 personnes ont aussi été déplacées et plus de 30 000 personnes ont fui le pays, trouvant notamment refuge en Ouganda.
Des massacres, viols, meurtres à caractère ethnique ont aussi été reportés dans les deux camps, sur lesquels les Nations unies promettent d'enquêter. Car le conflit a pris une dimension tribale, opposant les Dinka de Salva Kiir aux Nuer de Riek Machar. Et la situation humanitaire ne cesse de se dégrader.
"Nous faisons face à une catastrophe humanitaire", a affirmé le chef des opérations humanitaires de l'ONU au Soudan du Sud, Toby Lanzer. "C'est une période critique pour le pays. Les combats doivent simplement cesser".
Avec AFP