Héros national en Algérie, l'ancien footballeur Mustapha Zitouni est mort dans la nuit de samedi à dimanche à l'âge de 86 ans. En 1958, alors sélectionné avec la France, il avait fait le choix de rejoindre l'Algérie et l'équipe du FLN.
Après l'annonce du décès de la légende portugaise Eusebio, le monde du football est de nouveau en deuil avec la disparition de Mustapha Zitouni. Gloire du ballon rond algérien, l'ex-joueur est mort à l'âge de 86 ans, le 5 janvier à Nice, des suites d'une longue maladie. Considéré comme un véritable héros dans son pays d'origine, "Monsieur football" comme il était surnommé, a marqué l'histoire en choisissant de rejoindre la clandestinité pour créer la première équipe d'Algérie.
Né en 1928 à Alger, Mustapha Zitouni se fait remarquer avec le club de ses débuts, l'OM Saint-Eugène, avant de rejoindre l'Hexagone. En France, il signe tout d'abord un premier contrat avec l'AS Cannes en 1953, puis portera les couleurs de l'AS Monaco la saison suivante. Sous le maillot de l'équipe de la principauté, il s'impose comme un talentueux défenseur central.
"Sens du collectif"
Comme le souligne le journal "Le Temps d'Algérie", les qualificatifs manquaient alors pour le décrire : "Il faisait preuve d'autorité sur et en dehors du terrain, il possédait un fantastique coup d'œil qui lui permettait d'anticiper sur de nombreuses actions et de contrer toutes velléités adverses, il possédait un placement hors pair ce qui lui permettait de ne pas courir dans le vide. Il faisait montre aussi d'un sang froid énorme face aux attaquants adverses mais sa principale qualité, de joueur et d'homme, était son sens du collectif".
Incontournable avec l'AS Monaco, Mustapha Zitouni est sélectionné quatre fois en équipe de France entre 1957 et 1958. Contre l'Espagne, il s'illustre notamment lors d'un duel légendaire avec Alfredo Di Stefano, considéré alors comme l'un des meilleurs attaquants au monde.
Mais en avril 1958, à quelques semaines de la Coupe du monde organisée en Suède, sa vie bascule lorsqu'il décide de fuir en compagnie d'autres joueurs algériens évoluant en Europe pour créer l'équipe du Front de libération nationale (FLN), la première sélection algérienne. Pour justifier son choix, il avait alors expliqué : "J'ai beaucoup d'amis en France, mais le problème est plus grand que nous. Que faites-vous si votre pays est en guerre et que vous êtes appelé ?".
"Humilité et discrétion"
Jusqu'en 1962, au sein de ce "onze de l'indépendance", il participe à des dizaines de matchs contre des sélections de pays favorables à la cause algérienne. Au lendemain de l'indépendance, il porte à sept reprises le maillot de la toute nouvelle équipe nationale. Il s'occupe ensuite du club du RC Kouba pour lequel il est à la fois joueur et entraîneur.
Mustapha Zitouni a ensuite passé les dernières années de sa vie à Nice où il luttait depuis plusieurs mois contre la maladie d'Alzheimer. Pour le quotidien algérien "El Watan", l’Algérie a perdu un monument qui est "parti comme il a vécu : dans l’humilité et la discrétion, deux qualités qui ont guidé sa vie et sa carrière".