logo

Amnesty international a publié, vendredi, une vidéo sur les réfugiés syriens, imitant - non sans humour - les blockbusters américains. Le but : dénoncer l’inaction de l’UE qui a décidé de n’accueillir que 12 000 des 2,3 millions de réfugiés syriens.

Oubliez ‘Iron man”, “Thor” et autre “Star Trek”, le blockbuster de 2013 s'appelle “Les Apathiques”. Dans une vidéo sarcastique reprenant tous les codes des bandes annonces hollywoodiennes, Amnesty international dénonce l’inaction de l’Union européenne (UE) face aux millions de réfugiés syriens qui s’apprêtent à affronter un hiver - le troisième depuis le début du conflit syrien en mars 2011 - particulièrement rude.

Vidéo : fausse bande annonce du blockbuster d'Amnesty international

Stars de cette superproduction à l’américaine, François Hollande et David Cameron sont notamment pointés du doigt pour le décalage entre leurs grands discours et leurs actes. En effet, la France n’a proposé d'accueillir que 500 syriens et le Royaume-Uni… aucun. L’Allemagne fait figure de bonne élève avec 10 000 réfugiés attendus.

Au total, seuls dix pays de l’UE ont annoncé prendre en charge 12 340 personnes parmi les plus vulnérables. Un chiffre bien maigre au regard des 2,3 millions de Syriens qui ont fui le pays. “Les banalités des dirigeants européens sonnent creux face à la réalité [...] Le nombre de personnes que l’UE est disposée à réinstaller est réellement pitoyable. Les dirigeants devraient avoir honte”, a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International.

Outre leur faible nombre, les quelques chanceux autorisés à rejoindre l’Europe devront s’armer de patience le temps que les procédures administratives portent leur fruit. “Ils ne pourront venir qu’à partir de mai ou juin 2014”, indique à FRANCE 24, Jean-François Dubost, responsable du département réfugiés d’Amnesty international.

Les demandeurs d’asile repoussés

Découragés par l’aide timorée offerte par l’UE, il y a également ceux qui tentent d’obtenir l’asile politique en rejoignant l’Europe par leurs propres moyens. Mais pour tous les réfugiés, Syriens ou non, la traversée de la méditerranée s’effectue trop souvent au péril de leur vie, comme en témoignent les récentes tragédies au large l'île de Lampedusa. “Plus de 10 000 réfugiés de Syrie seraient arrivés sur les côtes italiennes pendant les 10 premiers mois de l'année”, indique Amnesty International.

Quant à ceux qui arrivent en Europe par les routes, notamment via les deux points d’entrée principaux que sont la Bulgarie et la Grèce, l’accueil y est “déplorable”, selon l’organisation : “Il arrive que le long de la côte grecque, les Syriens soient repoussés lors d'opérations qui mettent leur vie en danger, et qu'en Bulgarie ils soient détenus pendant plusieurs semaines dans de mauvaises conditions.” Des pratiques “contraires au droit international”, rappelle à FRANCE 24 Jean-François Dubost, qui s’appuie sur les témoignages édifiants que l’organisation a recueillis auprès des réfugiés.

.@Elysee La France doit dire non aux renvois forcés des Syriens aux frontières de l’UE. http://t.co/64Bosroc1Y

— Amnesty France (@amnestyfrance) 13 Décembre 2013

L’ONU demande 30 000 places de réfugiés

En attendant que l’Europe agisse, ce sont les pays voisins de la Syrie - le Liban, la Jordanie, la Turquie, l’Irak et l’Égypte - qui continuent à panser difficilement l’hémorragie et accueillent, comme ils peuvent, 97 % des réfugiés, selon les chiffres d’Amnesty international. Au Liban, l'afflux de réfugiés a même augmenté d'un tiers la population totale du pays.

Une situation critique qui tourne à la crise régionale. Raison de plus, selon Amnesty international, pour que les Vingt-Huit redoublent d’efforts. “L’UE doit faire plus et elle en a les moyens. Elle envoie de l’argent, mais elle ne fait rien de concret pour les premières victimes de ce conflit. Il ne s’agit pas d’un problème technique, mais uniquement d’une décision politique” au bon vouloir des dirigeants, assure Jean-François Dubost. Il réclame, a minima, que les Européens remplissent les objectifs fixés par l’ONU qui sont de 30 000 places de réfugiés.