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L’Allemagne teste un Shazam pour musique néo-nazi

La police de Saxe, en Allemagne, a mis au point une application qui permet, sur le modèle de Shazam, d’identifier en quelques secondes si une musique diffusée est sur les listes des chansons interdites qui glorifient l’idéologie d’extrême droite.

La police allemande pourrait bientôt appeler les smartphones à la rescousse pour lutter contre l’extrême droite. Plus précisément contre la musique neo-nazi. Les forces de l’ordre du Land de Saxe ont, en effet, développé un logiciel décliné en application mobile capable de détecter en quelques secondes une chanson à la gloire de l’idéologie du IIIe Reich, a confirmé à FRANCE 24 l’Agence régionale de lutte contre la criminalité de Saxe.

Cette innovation, actuellement encore à l’état de prototype, fonctionne sur le principe de l’application d’identification de musique Shazam : il suffit de tenir son smartphone en l’air, lancer l’appli “Digital Audio Fingerprint” et attendre qu’elle vérifie si la chanson captée correspond à l’un des titres interdits de sa base de données. Si c’est le cas, les forces de l’ordre pourraient alors interrompre un concert, effacer la musique interdite d’un ordinateur et interroger ceux qui la diffusent. “L’idée est de libérer du temps pour les enquêteurs qui n’auront plus à lancer des vérifications minutieuses à chaque fois qu’ils tombent sur une musique litigieuse”, affirme-t-on à l’Agence régionale de lutte contre la criminalité de Saxe.

D’où l’intérêt d’avoir une liste aussi exhaustive que possible des chansons interdites. “Pour l’instant, il y a plusieurs dizaines de titres indexés [essentiellement du rock à message raciste, ndlr] qui correspondent à la musique que nous savons être porteuse de ce genre de message”, indique l’Agence.

Problèmes légaux

Une base de donnée appelée à grossir. “Nous espérons que les services de police des autres Länder vont nous fournir leur propre liste de musiques interdites et nous comptons également puiser dans les bases de données fédérales”, précise les forces de police de Saxe. Il existe, en effet, un organisme public dépendant du ministère de la Justice qui recueille et analyse les chansons et autres médias litigieux qui sont portés à son attention.

Certes cette application, développé par des ingénieurs informatiques de la police sur leur temps libre, a d’abord été pensé pour identifier rapidement le rock néo-nazi qualifié par les autorités allemandes de “drogue d’initiation aux milieux d’extrême droite”. Mais rien n’empêche d’élargir le champs d’application à tous les messages audio “qui incitent à la haine ou sont des appels à la violence”, ajoute l’Agence qui cite notamment des chansons d’extrême gauche ou les appels à des actions terroristes issus, notamment, des milieux islamistes radicaux.

Reste que le “Digital Audio Fingerprint” attend encore le feu vert des autorités régionales. La question est à l’ordre du jour de la réunion des ministres du Land de Saxe qui se tient cette semaine. Vont-ils faire de cette application la nouvelle arme des enquêteurs dans la lutte contre l’extrême droite ? Les forces de l’ordre reconnaissent qu’il existe encore des obstacles légaux à son utilisation. En pleine polémique autour de l’espionnage massif à la sauce NSA, l’utilisation de cette technologie dans des salles de concert pourrait, d’après l’hebdomadaire "Der Spiegel", avoir des relents de “surveillance accoustique”, une sorte de mise sur écoute sans autorisations judiciaires des conversations dans une pièce qui est interdite dans le droit allemand.