Les violences de ce week-end à Kiev laissent entrevoir une opposition morcelée entre ses composantes libérales et les membres du parti d’extrême droite Svoboda, des nationalistes portés sur les actions violentes.
Les manifestations pro-européennes en Ukraine ont viré à l’affrontement, parfois violent, entre les protestataires et les forces de l’ordre, ce week-end à Kiev. Selon la porte-parole de la police, Olga Bilyk, une centaine de policiers auraient été blessés dimanche. Les services d’urgence assurent, eux, avoir pris en charge une cinquantaine de personnes, sans préciser s’il s’agissait de manifestants ou de membres des forces de l’ordre.
La rue Bankova, où se trouvent les bureaux du président Viktor Ianoukovitch, ont notamment été le théâtre de scènes d’émeutes. Quelques centaines de manifestants
itont lancé des pierres et des cocktails Molotov contre les militaires qui assuraient la sécurité de la présidence. Ils ont répliqué en tirant des grenades assourdissantes, des gaz lacrymogène et des fumigènes.
Le gouvernement et l’opposition ont assuré, de concert, que ces violences étaient le fait de provocateurs rémunérés, sans davantage de précisions. Les autres manifestants, restés en marge des affrontements, ont, pour la plupart, dénoncé ces actes.
"Le sang appelle le sang"
"Cette manifestation devrait être pacifique, parce que le sang appelle au sang !", dénonce l’un d’eux, interrogé par FRANCE 24. "Nous devrions avoir une stratégie pacifique, c'est tout. Mais voilà, il y a deux camps et ils ne comprennent pas que l'union fait la force", ajoute-t-il.
Dans les rangs des manifestants pro-européens se trouvent en effet nombre de nationalistes d’extrême droite, fervents partisans d’un rapprochement avec l’Union européenne. L’opposition apparaît ainsi morcelée entre sa composante nationaliste, Svoboda ("Liberté"), et les deux formations libérales, Batkivchtchina ("Patrie"), parti de Ioulia Timochenko, et Oudar (Alliance démocratique ukrainienne pour les réformes, dont l'acronyme signifie "coup de poing"), parti de Vitali Klitschko.
"Dimanche a été un mauvais réveil pour beaucoup d’Ukrainiens pro-européens libéraux car ils se sont aperçus que dans leur mouvement se trouvent des groupes de l’extrême droite radicale qui n’hésitent pas à utiliser la violence, explique Gulliver Cragg, envoyé spécial de FRANCE 24 à Kiev. Hier, on a compris que parmi la frange plus extrême de ce parti Svoboda, il y a des personnes qu’un mouvement paisible et libéral n’a pas très envie de voir en son sein."