
Sauf surprise, le Sénat italien devrait se prononcer, mercredi, en faveur de la destitution de Silvio Berlusconi. Son éviction mettrait fin à 20 ans de domination sur la vie politique italienne. À moins que le "Cavaliere" parvienne encore à rebondir.
Le Sénat italien doit décider, dans la soirée du mercredi 27 novembre, s’il garde ou non dans ses rangs l'ancien président du Conseil italien, Silvio Berlusconi. Ce vote fait suite à la condamnation définitive, en août, du "Cavaliere" pour fraude fiscale. Ses partisans ont tenté par tous les moyens de retarder l'échéance du scrutin au point que les procédures de vote sur sa destitution ne devraient démarrer que vers 18h (GMT). L'issue du vote ne fait guère de doutes puisque la gauche et le Mouvement cinq étoiles de l'ex-comique Beppe Grillo ont annoncé qu'ils uniraient leurs voix.
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Le départ du Sénat de Silvio Berlusconi, 77 ans, mettrait fin à ses 20 années d’activité politique, mais n’aurait aucun impact sur le gouvernement. L'exécutif gauche-droite mené par Enrico Letta a reçu la confiance de la Chambre haute lors de l'examen du budget pour 2014, dit "loi de stabilité". Au total, 171 sénateurs ont voté en faveur du gouvernement, et 135 se sont prononcés contre. Le budget n'a pas pour autant été adopté par les parlementaires, qui devront de nouveau voter à son sujet en fin d'année.
De son côté, le camp de Berlusconi a officialisé son passage à l'opposition en exprimant sa défiance à Enrico Letta. "À partir d'aujourd'hui, nous appartenons à l'opposition et la grande coalition prend fin", a déclaré Renato Brunetta, chef de file de Forza Italia à la Chambre des députés, où Enrico Letta dispose d'une majorité assurée.
Plus que la fin de la domination de Berlusconi sur la vie politique italienne, c'est cette rupture qui retenait, mercredi, l’attention de la presse transalpine. Plusieurs titres, d'ailleurs, ne semblent pas croire à la déchéance définitive de celui qu’on a longtemps qualifié d’"insubmersible". "Le pari de Silvio : je retournerai au palais Chigi", peut-on lire dans "La Repubblica".
"Berlusconi est encore et restera très puissant"
Les Berlusconiens en tous cas ne baissent pas les bras. Quelque 10 000 d’entre eux sont attendus à la manifestation prévue mercredi après-midi devant la résidence romaine de l’ex-président du Conseil. Ses opposants les plus farouches ont quant à eux appelé à fêter son expulsion annoncée près du Sénat.
L’autre question qui taraude les observateurs est celle de l’avenir judiciaire de Silvio Berlusconi. Privé de son immunité parlementaire, le "Cavaliere" pourrait-il être arrêté dans le cadre de la procédure pénale à Naples, où il est accusé d'avoir "acheté" un sénateur de gauche en 2006 ?
"C'est une hypothèse absurde, et dans la situation actuelle, complètement irréelle", a estimé Franco Coppi, l'un des avocats du magnat des médias. "À son âge, on ne va pas en prison sauf dans des cas exceptionnels", a ajouté Piercamillo Davigo, ancien membre du fameux pool anticorruption Mains Propres qui avait lancé les premières procédures à l'encontre de Berlusconi.
"Berlusconi est encore et restera très puissant, même si son pouvoir est sur le déclin. Il a encore d'énormes ressources, possède toujours ses médias [trois chaînes de télévision, des journaux], a obtenu 10 millions de voix il y a six mois", a indiqué à l’AFP le politologue James Waltson, professeur à l'Université américaine de Rome.
Silvio Berlusconi l'a d'ailleurs lui-même martelé : il restera quoi qu'il arrive à la tête de son parti refondé, Forza Italia. Selon des sondages effectués pour son compte, une coalition de droite recueillerait 24 % des suffrages en cas d'élections anticipées, "deux points de plus que le centre gauche".
Avec AFP et Reuters