Malgré le vote de l'assemblée traditionnelle afghane, dimanche, du traité de sécurité avec les États-Unis, le président Hamid Karzaï reste flou sur la date de sa signature, bien qu'il se soit engagé à parapher l'accord, ce qui exaspère Washington.
Le président afghan Hamid Karzaï s'est dit prêt, dimanche 24 novembre, à signer le traité bilatéral de sécurité (BSA) avec les États-Unis, tout en imposant ses conditions sur la date de la signature. Ce traité doit définir les modalités d'une présence militaire américaine en Afghanistan, après le retrait des 75 000 soldats de l'Otan fin 2014, ce qui fait craindre une flambée de violences dans le pays, en partie contrôlé par les Taliban.
"Étant donnée la situation dans laquelle se trouve l'Afghanistan, cet accord est approuvé par les membres de la Loya Jirga [assemblée traditionnelle afgnane de 2 500 membres, NDLR]", a déclaré Fazul Karim Imaq, vice-président de la grande assemblée réunie à Kaboul depuis jeudi.
Après des mois de négociations laborieuses, Kaboul et Washington s'étaient enfin mis d'accord cette semaine sur le contenu de l'accord. Mais jeudi, à l'ouverture de la Jirga, le président Karzaï avait annoncé que l'accord, qui doit encore être approuvé par le Parlement, ne serait promulgué qu'après l'élection présidentielle, prévue le 5 avril.
Washington s'agace
La perspective d'un délai exaspère Washington, qui a fait savoir qu'un retard supplémentaire n'était "ni pratique, ni envisageable", et laisse planer la menace d'un retrait total des troupes américaines. Soucieux de ménager leur puissant allié américain, les délégués de la Jirga ont appelé dans leur déclaration finale le président Karzaï à "promulguer cet accord avant la fin de l'année".
"Cet accord doit nous conduire à la paix, sinon ce serait un désastre", a répondu Hamid Karzaï à la tribune de la Jirga. "Les Américains doivent coopérer, participer au processus de paix" avec les insurgés taliban, a-t-il insisté, sans préciser s'il comptait revenir sur le délai qu'il avait annoncé.
Les tentatives de pourparlers de paix avec les rebelles, auxquelles ont pris part les États-Unis, n'ont pour l'instant débouché sur aucun résultat concret. Les Taliban refusent notamment de dialoguer avec le président afghan, dont ils ne reconnaissent pas la légitimité et qu'ils considèrent comme une "marionnette" de Washington.
Un accord crucial pour les deux parties
"Si les États-Unis retournent dans nos maisons, une fois encore, il n'y aura pas d'accord", a encore déclaré Hamid Karzaï à la tribune de la Loya Jirga, dimanche. Il a aussi laissé entendre qu'il poursuivrait des discussions avec Washington sur le traité, au risque d'impatienter un peu plus son principal soutien financier et militaire.
La signature ou non de cet accord pourrait être lourd de conséquences pour le pays. Malgré douze ans de guerre, le gouvernement afghan reste fragile face à l'insurrection meurtrière des Taliban, chassés du pouvoir en 2001 par une coalition militaire dirigée par les États-Unis.
Côté américain, la signature du traité permettrait aux États-Unis de continuer à exploiter des bases dans une région aux enjeux géostratégiques importants, l'Afghanistan se trouvant au carrefour de l'Iran, du Pakistan, de l'Inde et de la Chine.
Avec dépêche AFP