Ce matin, la presse française revient sur la dérive d'Abdelhakim Dekhar, le tireur présumé de Libération et de la Société générale. Les journaux consacrent également de nombreuses pages à l'anniversaire de l'assassinat de JFK.
Libération revient sur sept pages sur la dérive du tireur. Dans son éditorial, Fabrice Rousselot se dit "soulagé". "Le journal, écrit-il, n’oubliera pas l’irruption d’un homme armé dans ses locaux et les tirs qui ont grièvement blessé un assistant photographe". Le directeur de la rédaction estime que "Toumi" (c’est le surnom de Dekhar) devra "maintenant répondre de ses actes".
Des actes dont les motivations restent pour le moment confuses, estime encore Libération. Il y a certes ces deux lettres qu’Abdelhakim Dekhar aurait écrites. Des lettres dans lesquelles il se dit obsédé par le "complot fasciste orchestré par les médias et les capitalistes". Mais le raisonnement semble confus et relève plutôt d’un "délire", selon les mots de Patricia Tourancheau.
La journaliste, qui avait déjà travaillé il y a près de vingt ans sur l’affaire Rey-Maupin, dresse le portrait de celui qu’elle qualifie de "caméléon sorti de l’ombre". Il nait en 1965. Il est médiocre à l’école. A 18 ans, il veut s’engager dans l’armée, mais il est rapidement réformé en raison d’un problème à l’œil. Un échec qu'il transforme en épopée héroïque d’agent du renseignement. Il fréquente ensuite les milieux anarcho-libertaires. Il est du genre à parler beaucoup, mais ne passe jamais à l’acte. Il est le dernier à bouger et préfère pousser au crime, écrit encore Patricia Tourancheau. C’est ce qu’il a fait, selon des témoigages cités par le journal, en octobre 1994, en professant de grands discours qui vont subjuguer Audry Maupin, qui lui passera à l’acte et tuera trois policiers et un chauffeur de taxi.
Selon l’ancienne avocate de Florence Rey (la compagne d’Audry Maupin), l'homme est difficile à cerner. Dans une interview au Parisien, elle évoque un personnage "trouble et intrigant qui a toujours été étrange et même fuyant". Selon elle, "il était passionné mais aussi très intelligent".
Finalement, le fait que 50 après, on n’ait toujours pas la vérité sur cette affaire, ajoute au mythe. Un mythe qu’a commencé a commémoré l’Amérique dès jeudi, avec cette gerbe déposée par deux présidents américains (Barack Obama et Bill Clinton) sur la tombe de JFK à Arlington. Il y a de ces dates que l’on retient. Celles ou chacun se rappelle exactement de ce qu’il a fait. C’est le cas du 11 septembre 2001, c’est le cas également du 22 novembre 1963. Le Figaro publie les témoignages de 3 Français emblématiques (Maurice Levy, le PDG de Publicis, Jacques Attali, qui fut le sherpa de François Mitterrand, et Charles Rivkin, ancien ambassadeur de France aux États-Unis). Tous les trois se souviennent de ce vendredi soir de novembre. Jacques Attali se rappelle par exemple qu’il a immédiatement fait interrompre la projection d’un film au Ciné Club de Polytechnique, où il était élève, et il a pris la parole pour annoncer la terrible nouvelle.
Finalement, au-delà de ces trois personnages, c’est toute une génération qui se souvient de cet événement aux Etats-Unis et partout dans le monde. La "Génération JFK", selon le titre du Huffington Post.
Enfin, un petit mot des élections municipales en France, à quatre mois du scrutin. La campagne commence à battre son plein dans les journaux. Ce vendredi, plusieurs quotidiens font un focus sur Marseille. A commencer par le Figaro, dans lequel l’actuel maire annonce sa candidature à sa succession. A 74 ans, Jean-Claude Gaudin, vieux baroudeur de la politique, cadre de l’UMP, se présente donc pour un quatrième mandat. Il explique que sa décision est l’aboutissement d’une longue réflexion.
Il affrontera le socialiste Patrick Menucci et peut-être aussi Pape Diouf, bien connu des amateurs de football. Dans une interview à Aujourd’hui en France, l’ancien président de l’OM affirme que des gens souhaitent qu’il s’implique davantage. Face à la montée des extrêmisme, explique-t-il, Marseille a besoin d’être reprise en main. Il ne dit pas qu’il se présentera. Laisse encore planer le doute. Et conclut en disant que "les circonstances décideront de la meilleure place à laquelle il pourra apporter son concours à ce besoin de changement".