Une semaine après le passage du puissant typhon Haiyan aux Philippines, l'armée américaine est à pied d’œuvre pour accélérer les secours dans l'archipel, où les cadavres s'accumulent. Certaines régions demeurent isolées et démunies.
Le bilan des pertes humaines difficile à établir
L'ONU, qui avait d’abord évoqué la mort de 10 000 personnes dans la seule ville de Tacloban, a publié vendredi un bilan de 4 460 morts.
Le Conseil national pour la réduction et la gestion des catastrophes naturelles parle de 3 621 morts et 1 140 disparus.
Une semaine après le passage du typhon Haiyan dans le centre des Philippines, les secours commencent à se mettre en place inégalement dans les différentes villes dévastées, alors que le gouvernement et l'ONU ont publié, vendredi, des bilans différents, se chiffrant en milliers de morts.
L’armée américaine est à pied d’œuvre dans l’archipel. Le porte-avions "George Washington", avec ses 5 000 marins, et sept autres navires américains, se sont positionnés vendredi au large des îles les plus touchées. La flottille, qui dispose notamment de 21 hélicoptères, est arrivée avec des équipements médicaux, du ravitaillement et une expertise attendus avec impatience par les survivants affamés.
Les Américains ont déchargé de l'aide humanitaire à l'aéroport de Tacloban, l'une des villes les plus meurtries, sur l'île de Leyte. Et le "George Washington" a envoyé des appareils vers d'autres villes ravagées et "des zones reculées auxquelles nous n'avions pas accès avant", a expliqué le lieutenant-colonel Miguel Okol, porte-parole de l'armée de l'air.
Les humanitaires ont décrit leur travail comme un enfer logistique, mais ces opérations devraient permettre d'accélérer l'arrivée de l'aide que l'ONU a reconnue trop lente, et ainsi soulager un peu les habitants dont la vie de certains ne tient qu'à un fil.
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Cyril Payen, envoyé spécial à Ormoc, Philippines
Tolosa, "région martyre et isolée"
À Tolosa, par exemple, des dizaines de milliers de rescapés sont livrés à eux-mêmes et aucune aide n’était parvenue jeudi soir, soit près d’une semaine après le passage du typhon. La ville n’est pourtant qu’à une dizaine de kilomètres au sud de la capitale, Tacloban, sur la côte est de l’île de Leyte.
"Comme tous les jours depuis une semaine, c’est le système D pour trouver de l’eau, à manger, ou quelques gouttes d’essence", témoigne Cyril Payen, envoyé spécial de FRANCE 24, qui décrit Tolosa comme une "région martyre et isolée".
Le désespoir y cède la place à l’anarchie. Les pillages se multiplient mais aucun coupable n'a été arrêté. "Ici, les gens sont prêts à tuer pour un sac de riz. Pour la survie de leur famille, ils sont prêts à tout", déclare un agent de police au micro de FRANCE 24. La seule issue devient la fuite.
Les rescapés tentent de fuir la mort
Des milliers de survivants se réfugient donc dans la ville d’Ormoc, sur la côte ouest de l’île de Leyte, détruite "seulement à 70 %", selon Cyril Payen, qui sillonne les différents lieux du drame. Port de départ pour les autres îles de l’archipel, moins touchées, Ormoc attire chaque jour des réfugiés de plus en plus nombreux qui tentent de prendre le premier bateau pour… ailleurs. Qu’importe où.
"Des dizaines de milliers de survivants du typhon se massent autour des portes de l’espoir : ils viennent pour tenter d’attraper un bateau vers Cebu ou une autre île ; ils veulent fuir par tous les moyens", explique Cyril Payen.
À Ormoc aussi, l’eau, les vivres, l’essence et l’électricité faisaient toujours défaut vendredi matin. "Seul le téléphone fonctionne, de manière sporadique", précise Cyril Payen.
Les survivants, à bout de force, tentent de fuir la mort qui continue de planer sur l’archipel. À Tacloban, des dizaines de corps enveloppés dans des sacs mortuaires gisaient encore vendredi sur le bord des routes, avant d'être ramassés par des camions au nombre insuffisant. D’après les envoyés spéciaux, l'odeur pestilentielle de décomposition persistait dans la ville, laissant supposer la présence de nombreux autres cadavres sous les piles de débris.