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L'homme soupçonné d'avoir planifié l'enlèvement des deux journalistes de RFI, puis de les avoir assassinés à Kidal, est un Touareg, et un trafiquant de stupéfiant lié à Aqmi, a indiqué mercredi le procureur de la République de Paris.

L'identité du suspect de l'assassinat de deux journalistes de RFI au Mali se précise. Lors d'une conférence de presse, mercredi 13 novembre, le procureur de la République de Paris, François Mollins, a révélé que Bayes Ag Bakabo, l'homme soupçonné d'avoir planifié l'enlèvement des deux journalistes de RFI, à Kidal, qui s'est soldé par leur exécution, est un Touareg et un trafiquant de stupéfiants, lié à Aqmi.

Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, ont été tués le 2 novembre dernier à Kidal, dans le nord-est du Mali, après avoir été enlevés devant le domicile d'un responsable du MNLA [rébellion touareg], qu'ils étaient venus interviewer.

Des combattants fidèles à Abdelkrim al-Targui, qui commande une des brigades d'Al-Qaïda au Maghreb islamique [Aqmi] dans la région, ont revendiqué, le 6 novembre, le meurtre des deux journalistes, en représailles aux "crimes perpétrés par la France et ses alliés onusiens, maliens et africains".

L'homme fait l'objet "d'intenses recherches"

"On sait que c'est un membre d'Aqmi, qu'il fait aussi du trafic de stupéfiants ; il a été vu circulant au volant du pick-up, qui a servi à enlever les deux journalistes, et il a été vu en train d'acheter 140 litres d'essence la veille ou l'avant-veille de l'enlèvement", a justifié le haut magistrat, évoquant "des soupçons très précis".

"Il fait l'objet d'intenses recherches", a indiqué le procureur de Paris. Sa présence parmi les quatre ravisseurs de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, ayant pris part à l'enlèvement est "l'hypothèse privilégiée", a-t-il ajouté, confirmant qu'Abdelkrim al-Targui, qui dirige une katiba [unité combattante] d'Aqmi pourrait être le commanditaire du rapt et des assassinats survenus le 2 novembre.

Selon un témoin, l'un des terroristes "aurait intimé, sans être obéi, l'ordre à l'un de ses comparses, qu'il appelait al Hassan, d'enlever également" le responsable du MNLA, Ambéry Ag Rhissa, a raconté le procureur.

Deux hypothèses

Le procureur a dessiné "deux hypothèses" pour expliquer l'assassinat. Une fois le véhicule, dans lequel ils se trouvaient, tombé en panne, à une douzaine de kilomètres de Kidal, "soit les deux otages ont essayé de profiter de ce moment pour essayer de fuir", "soit les ravisseurs n'ont pas voulu gêner ou ralentir leur fuite, et ont préféré exécuter leurs victimes, plutôt que de les laisser derrière eux. Comportement malheureusement déjà rencontré chez Aqmi, significatif du peu de respect que ses membres ont pour la vie humaine".

Sur le mobile du rapt, le procureur n'a exclu aucune piste: "est-ce que c'est quelque chose qui est fait par hasard sur la base d'une directive générale [d'enlever des Français], est-ce que c'est quelque chose qui a été fait sur la base d'une directive précise donnée par le chef d'une katiba, est-ce que c'est quelque chose qui relève d'un comportement individuel de la part de gens qui étaient en difficulté avec un mouvement, personne ne pourrait répondre à la question."

Le parquet de Paris a ouvert une enquête le 2 novembre, jour des assassinats, pour "enlèvements suivis de mort, en relation avec une entreprise terroriste", notamment pour "permettre aux enquêteurs français d'assister leurs collègues maliens". Le procureur a ajouté qu'une information judiciaire, confiée à des juges d'instruction, serait prochainement ouverte à Paris.

Avec dépeches