
Patrick Balkany, député-maire UMP de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), et son épouse Isabelle sont visés par une enquête préliminaire pour blanchiment de fraude fiscale. Une nouvelle affaire délicate à quelques mois des municipales.
Les Balkany de nouveau dans le viseur de la justice. À quatre mois des municipales, le couple Balkany est sous le coup d'une enquête pour blanchiment de fraude fiscale ouverte le 6 novembre par le parquet de Paris, après des révélations aux juges financiers de leur ancien allié politique Didier Schuller.
Probable candidat UMP à sa réélection aux municipales de 2014 à Levallois-Perret, Patrick Balkany était déjà embarrassé par une affaire d'utilisation présumée d'employés municipaux à des fins personnelles, objet d'une autre enquête à Nanterre.
Didier Schuller affirme avoir "payé pour les autres"
L'enquête vise l'important patrimoine des époux, qui sont suspectés d'avoir dissimulé, depuis de longues années, une partie de leurs avoirs au fisc, écrit "Le Monde", qui a révélé l'information vendredi.
Elle fait suite aux déclarations de l'ex-conseiller général (RPR) des Hauts-de-Seine, Didier Schuller, qui a confié dans "French Corruption", un livre publié par deux journalistes du "Monde", que Patrick Balkany s'était enrichi de manière illicite en marge de marchés publics conclus dans les années 1980 et 1990 par l'office HLM du département.
Didier Schuller avait été condamné en 2007 à trois ans de prison pour les malversations à l'office public des HLM, mais Patrick Balkany, proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy, avait bénéficié d'un non-lieu, ce que le premier avait jugé injuste. L'ancien porteur de valises et exécutant zélé a décidé aujourd'hui de parler.
"Ces éléments, qui remontent à plus de vingt ans, figuraient tous au dossier des HLM" des Hauts-de-Seine, a de son côté indiqué Me Grégoire Lafarge, conseil des époux Balkany, dans un communiqué transmis à l'AFP. "Ils n'ont donné lieu à aucune suite. M. Balkany a été totalement relaxé aux termes d'un jugement dépourvu de toute ambiguïté" dans cette affaire, a-t-il ajouté. M. Schuller avait été, à l'inverse, condamné, en appel, à trois ans de prison dont un ferme, et cinq ans d'inéligibilité.
Témoin principal de "French Corruption", un ouvrage récent des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Didier Schuller, ancien élu des Hauts-de-Seine, espère rebondir aux municipales de 2014 à Clichy-la-Garenne.
"J'ai payé pour les autres (...) je ne leur ai jamais présenté l'addition", lâche-t-il notamment dans ce livre, où était évoquée cette affaire présumée de compte bancaire non déclaré en Suisse.
"J'ai été berné"
Dans "French Corruption", le "repenti" se confie sur un demi-siècle de corruption en France, notamment au sein du parti gaulliste. Outre Patrick Balkany, il n'épargne ni Nicolas Sarkozy, ni Jacques Chirac, ni Charles Pasqua.
Il met en évidence la façon dont le RPR, ancêtre de l'UMP, avait tissé sa toile depuis les années 1980 dans les Hauts-de-Seine, l'un des départements les plus riches de France, dont l'ex-ministre de l'Intérieur Charles Pasqua deviendra le premier "patron", avant de céder la place à Nicolas Sarkozy.
Didier Schuller, qui a fait l'ENA et fréquenté de nombreux cabinets ministériels, a été placé à la tête de l'office HLM des Hauts-de-Seine et y a organisé un système de commissions prélevées sur les marchés publics. Suspecté, il avait pris la fuite en 1995 aux Bahamas sur l'insistance du camp chiraquien, qui lui avait procuré des faux papiers.
Revenu en France en 2002, il a été définitivement condamné par la cour d'appel en janvier 2007 et regrette d'avoir alors gardé le silence. "J'ai été berné, abusé. Non seulement on m'a piqué mon argent, mais en plus on m'a manipulé. J'ai été tellement naïf", a-t-il confié début octobre au "Monde".
Avec dépêches