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Début du procès de Mohamed Morsi, quatre mois après sa destitution

L'ex-président égyptien Mohamed Morsi est arrivé lundi matin à l'école de police près du Caire, où doit se dérouler son procès pour incitation au meurtre. Il s'agit de la première apparition publique de l'ancien chef d'État depuis son renversement.

Quatre mois après sa destitution, Mohamed Morsi fait face à la justice. L'ancien président égyptien issu des Frères musulmans est arrivé tôt lundi 4 novembre à l'école de police située près du Caire, où son procès pour "incitation au meurtre" doit commencer dans la matinée.

Détenu au secret par l'armée depuis son renversement, il apparaît ainsi en public pour la première fois depuis le 3 juillet dernier. S'il est reconnu coupable, il risque, de même que les quatorze autres dirigeants des Frères musulmans jugés lundi, la peine de mort ou la réclusion à perpétuité.

Ils sont poursuivis pour "incitation au meurtre et à la torture" de manifestants devant le palais présidentiel Etihadeya en décembre 2012. L'acte d'accusation se réfère à la mort de dizaines de personnes lors d'affrontements entre Frères musulmans et opposants, qui protestaient contre un décret étendant les pouvoirs de Mohamed Morsi, élu six mois plus tôt.

Crainte de violences

Le pays est depuis plusieurs jours sous haute tension à l'approche du procès, qui fait craindre aux autorités un regain de violence. Un général de la police a assuré à l'AFP qu'"un plan a été mis en place pour sécuriser le tribunal et le transport de Mohamed Morsi jusqu'à la salle d'audience", installée dans une académie de police de l'est du Caire.

Ce procès risque en effet d'attiser un peu plus les divisions dans un pays où plus d'un millier de pro-Morsi ont péri dans la répression et où plus de 2 000 islamistes ont été emprisonnés, dont la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans.

Dans ce contexte, "la présence de M. Morsi dans le tribunal va galvaniser ses partisans et augmenter les possibilités de voir de nouvelles manifestations et affrontements", prédit Shadi Hamid, spécialiste de l'Égypte au Brookings Doha Center.

Dès dimanche soir, deux policiers égyptiens ont été tués et un troisième blessé dans une attaque près d'Ismaïliya, sur le canal de Suez, ont annoncé des sources des services de sécurité, bilan confirmé de source médicale.

Les autorités, qui se disent prêtes à répondre à toute violence, vont déployer 20 000 hommes au Caire, mégalopole de 20 millions d'habitants.

Mohamed Morsi ne coopérera pas avec la justice

Contrairement au président déchu Hosni Moubarak, également jugé pour meurtre de manifestants, Mohamed Morsi a déjà prévenu qu'il ne coopérerait pas avec la justice dont il ne "reconnaît pas l'autorité", selon l'Alliance contre le coup d'État, la coalition chapeautée par les Frères musulmans qui organise la mobilisation de ses partisans.

Les faits qui lui sont reprochés avaient marqué un important tournant dans sa présidence: après six mois au pouvoir, Morsi avait édicté un décret le plaçant au-dessus de tout contrôle judiciaire, déclenchant des manifestations devant son palais.

Estimant que la police avait échoué à protéger le président, les Frères musulmans avaient appelé leurs partisans à déloger les protestataires. Ces violences, lors desquelles sept personnes étaient mortes, avaient soudé les rangs de l'opposition anti-Morsi qui, six mois plus tard, descendait dans la rue pour réclamer son départ et l'obtenait de la main des militaires.

Avec dépêches