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La Centrafrique se dirige vers un génocide, selon l’ONU

Un responsable de l’ONU a affirmé que la Centrafrique - en proie à des violences communautaires depuis la chute du président Bozizé - pourrait devenir le théâtre d’un génocide. Il demande des renforts sur place et une enquête de la CPI.

Un génocide. C’est l’épée de Damoclès qui plane sur la Centrafrique à en croire les Nations unies. "Certains groupes armés tuent sous couvert de leur religion. Mon sentiment est que les communautés chrétiennes et musulmanes vont finir par s'entretuer", a déclaré, vendredi 1er novembre, Adama Dieng, chargé de la prévention des génocides à l'ONU, après une réunion informelle du Conseil de sécurité consacrée à la situation dans le pays. "Si nous n'agissons pas maintenant promptement, je n'exclus pas l'éventualité qu'un génocide ait lieu en République centrafricaine", a-t-il ajouté.

Depuis le renversement du président François Bozizé en mars dernier, la Centrafrique a sombré dans le chaos. Le pouvoir a été pris par les rebelles de la Séléka de Michel Djotodia, investi le 18 août président de transition. Une force panafricaine sous l'égide de l'Union africaine est présente pour aider le gouvernement à rétablir l'ordre, mais elle manque de personnel et de moyens. "Les troupes africaines ne suffisent pas. Le pays a été totalement ravagé. Le chaos règne", a dénoncé Adama Dieng. "Il est impératif qu'une mission de maintien de la paix de l'ONU se rende sur place", a-t-il demandé.

Vers une enquête de la CPI ?

La France, de son côté, veut faire voter au Conseil de sécurité de l’ONU une résolution qui soutiendrait la force panafricaine et préparerait la mise en place d'une opération de maintien de la paix de l'ONU. Selon l'ambassadeur de France Gérard Araud, la force onusienne devrait comprendre entre 8 000 et 10 000 soldats et le Conseil de sécurité pourrait approuver une résolution sur la crise en Centrafrique dans le courant du mois de novembre.

Adama Dieng, qui a affirmé soutenir l'appel de la France, s’est également prononcé en faveur de l'ouverture d'une enquête de la Cour pénale internationale (CPI) qui permettrait de juger “les responsables” des “crimes atroces” commis ces derniers mois par les deux camps.

Une requête que n’exclut pas La Haye dont la procureure générale, Fatou Bensouda, a assuré que la CPI comptait examiner "le cas de la République centrafricaine".

Selon John Ging, directeur des opérations du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), "plus de la moitié de la population de ce pays [de 4,6 millions d’habitants, ndlr] a besoin d'aide humanitaire."

Avec dépêches