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"Touche pas à ma pute", le manifeste polémique des "343 salauds"

Un collectif d’hommes, regroupant des personnalités publiques de la culture et des médias, ont signé un manifeste contre la pénalisation de la prostitution. Réactions indignées des militantes féministes.

C’est une pétition sexuellement incorrecte. Créé sur le modèle du manifeste pro-avortement des "343 salopes", publié en 1971 par le Nouvel Observateur, le "manifeste des 343 salauds", à paraître dans le prochain numéro du magazine Causeur, s'oppose au projet gouvernementam de pénalisation des clients de prostituées.

La pétition baptisée "Touche pas à ma pute", en référence là encore au slogan de SOS Racisme de 1985, est emmenée par des personnalités du monde de la culture et des médias. Parmi les salauds revendiqués : Frédéric Beigbeder, Nicolas Bedos, Basile de Koch, Eric Zemmour ou encore le chanteur Antoine.

"Quand l’État s’occupe de nos fesses, elles sont menacées"

"Homos ou hétéros, libertins ou monogames, fidèles ou volages, nous sommes des hommes. Cela ne fait pas de nous les frustrés, pervers ou psychopathes décrits par les partisans d’une répression déguisée en combat féministe", peut-on d’ores et déjà lire sur le site Causeur.fr, qui a fait paraître sa publication plus tôt sur son site en raison de fuites dans la presse.

La pétition a été lancée en réaction à une proposition de loi, qui doit être examinée à l'Assemblée fin novembre. La dite proposition prévoit de renforcer la protection des prostituées, et sanctionner ses clients, notamment par la mise en place d'une amende de 1 500 €.

Des dispositions qui ne sont pas du goût des signataires qui "sont allés, vont, ou iront aux putes". Le collectif ne prétend pas défendre la prostitution, mais défendre la liberté. "Et quand le Parlement se mêle d’édicter des normes sur la sexualité, notre liberté à tous est menacée". Et de poursuivre, "nous aimons la liberté, la littérature et l’intimité. Et quand l’État s’occupe de nos fesses, elles sont toutes les trois en danger".

"Complètement déplacé"

Les réactions de condamnation ne se sont pas faites attendre. À commencer par celle de Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement : "Les 343 salopes demandaient à disposer de leur corps, les 343 salauds demandent à disposer du corps des autres".

"C'est complètement déplacé de faire référence au Manifeste des 343", a surenchéri Morgane Merteuil, porte-parole du Syndicat du travail sexuel (Strass), qui bataille pourtant contre la pénalisation des clients de prostituées. "Ces 343 signataires ne sont en rien subversifs. On sait très bien que la plupart d'entre eux font appel à des escorts, et auront toujours leurs réseaux", tempête la syndicaliste sur le site jolpress.com.

En publiant ce manifeste, le magazine Causeur "a décidé de batailler par l’humour pour cette cause sérieuse", tout en rappelant que "l’essentiel reste d’avoir ouvert le débat". Objectif atteint.

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