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Des navires russes au Venezuela pour des manœuvres communes

Des navires militaires russes sont arrivés au port de La Guaira au Venezuela. Les deux pays effectuent des manœuvres militaires communes sans précédent depuis la fin de la Guerre froide.

Un groupe de navires militaires russes est arrivé mardi dans le port vénézuélien de La Guaira afin d'effectuer des manoeuvres communes avec la marine du Venezuela, un événement inédit depuis la fin de la Guerre froide.

Les navires, dont le croiseur à propulsion nucléaire Piotr Veliki (Pierre le Grand), qui a dû s'ancrer à distance en raison de sa taille, et le destroyer Admiral Tchabanenko, ont été salués par des tirs de canons dans le port de La Guaira, situé à une trentaine de kilomètres au nord de Caracas, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les manoeuvres, qui apparaissent comme un défi lancé à l'influence traditionnelle de Washington dans la région, interviennent alors que le président russe Dmitri Medvedev sera mercredi et jeudi en visite au Venezuela, pays dont le président Hugo Chavez est la bête noire des Etats-Unis en Amérique latine.

Lors de cette visite historique, M. Medvedev rencontrera mercredi après-midi son homologue vénézuélien.

Les manoeuvres conjointes ne sont "pas une provocation, c'est un échange", a déclaré lundi M. Chavez, rappelant qu'il y avait eu "il y a peu des manoeuvres avec le Brésil, avec la France, avec les Pays-Bas". "Maintenant, c'est avec la Russie", a-t-il dit.

Un porte-parole de la marine russe a confirmé lundi que les navires russes resteraient dans les eaux vénézuéliennes du mardi 25 novembre au lundi 1er décembre.

"Ce n'est une menace pour quiconque. Parler de la Guerre froide est hors de propos. Cela appartient à l'Histoire", a récemment assuré M. Chavez.

Dans un récent entretien avec l'AFP, le chef du Commandement stratégique opérationnel vénézuélien, le général Jesus Gonzales, a expliqué que les manoeuvres conjointes consisteraient en des exercices de "navigation, sauvetage et communication" et à encourager les échanges technologiques.

Outre les navires, les forces russes ont envoyé cinq avions, tandis que le Venezuela engagera onze navires et huit avions. Au total, 1.150 militaires russes et 600 militaires vénézuéliens participeront aux manoeuvres, a indiqué le général Gonzales.

Selon ce responsable, la Russie "a tendu la main" au Venezuela quand ce dernier cherchait à renouveler son matériel de défense, et cette visite "forme une partie de cet échange".

"A d'autres époques, c'était normal, et personne ne s'étonnait quand des avions américains atterrissaient. Maintenant, les Russes viennent et tout le monde est préoccupé", a souligné le général.

En septembre, deux bombardiers stratégiques russes Tu-160 ont effectué des vols d'entraînement au Venezuela.

Des responsables russes ont déclaré que ce rapprochement découlait "de convergences d'intérêt" et ne visait pas à nuire à des Etats tiers.

Cependant, ces manoeuvres coïncident avec les tensions entre Moscou et Washington concernant le projet de déploiement d'un bouclier antimissile américain en Europe orientale, auquel la Russie est hostile.

Le département d'Etat américain a annoncé lundi qu'il surveillerait "de très près" les manoeuvres. "Je ne crois pas qu'une poignée de bateaux russes dans (...) les Caraïbes avec les Vénézuéliens soient un motif d'inquiétude pour quiconque", a toutefois estimé son porte-parole, Sean McCormack.

Selon Maruja Tarre, une experte vénézuélienne en relations internationales, ces manoeuvres, malgré un "côté folklorique", revêtent "un caractère symbolique" dans une zone que les Etats-Unis considéraient jusqu'à peu comme leur "arrière-cour".

"Il y a une confluence d'intérêts. D'un côté, Chavez veut démontrer qu'il a des alliés puissants et, de l'autre, il est intéressant pour les Russes de mettre un pied dans cette zone dans laquelle, si l'on excepte Cuba, ils n'ont pas eu d'influence", a-t-elle expliqué à l'AFP.