
Jean-Louis Robinson et Hery Rajaonarimampianina devraient s’affronter au second tour de l’élection présidentielle à Madagascar. Leurs programmes promettent de sortir la Grande île de la crise économique. Reportage à Antananarivo.
Les rues d'Antananarivo sont restées calmes depuis le premier tour de la présidentielle, vendredi 25 octobre. La Cénit a jusqu'au 8 novembre pour publier les résultats provisoires complets mais deux noms se dégagent du lot des 33 candidats : Hery Rajaonarimampianina et Jean-Louis Robinson devraient s’affronter au second tour le 20 décembre.
Lundi, en fin d'après-midi, la commission électorale avait saisi les résultats de 5 828 bureaux de vote sur 20 001, soit 27,61 % du corps électoral. Selon cet échantillon encore très partiel, Jean-Louis Robinson, le candidat de l'ancien président Marc Ravalomanana, menait avec 28,9 % des voix. Il était suivi par Hery Rajaonarimampianina, le poulain de l'actuel homme fort de la Grande île Andry Rajoelina (14,4 %). Les 31 autres candidats sont loin derrière.
Les Malgaches semblent accepter les premières estimations qui placent Jean-Louis Robinson, candidat soutenu par l'ancien président Marc Ravalomanana, en tête du premier tour. Certains voient en lui le retour – par procuration – de l'ancien régime chassé par le coup d’État d’Andry Rajoelina en 2009 et la nostalgie d'une époque plus prospère. "Il n'y a plus de travail. Il y a trop d'insécurité. Les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Il y a trop de mendiants et de sans-abri alors que les Malgaches attendaient un changement. C'est pour ça que les gens en sont venus à voter Robinson, parce qu'il va redresser le pays", explique un passant au micro de FRANCE 24.
Face à lui, l’ancien ministre des Finances d’Andry Rajoelina : Hery Rajaonarimampianina. Malgré son appartenance au régime de transition, "Hery", comme on l’appelle sur la Grande île, est perçu comme un technocrate efficace. "La vérité, c'est que Hery sera mieux accepté par la communauté internationale et les bailleurs de fonds. Parce qu'il est un homme nouveau", croit savoir un Malgache.
Devant le Palais présidentiel d’Antananarivo se dresse un monument qui commémore le jour où la garde de l'ancien président Marc Ravalomanana a tiré sur les partisans d'Andry Rajoelina. Quatre ans et demi après cet événement, l'affrontement entre les deux hommes se poursuit, cette fois-ci, dans les urnes. Une opposition qu’Alain Iloniaina, un journaliste politique malgache, analyse d’un point de vue historique : "L’histoire politique de Madagascar montre qu’il y a eu beaucoup de renversements de régime et que quelques années plus tard les dirigeants renversés reviennent au pouvoir. […] On est en train de revivre le duel Marc Ravalomanana-Andry Rajoelina commencé en 2009."
Pour la Grande Île, un nouveau gouvernement démocratique est indispensable pour regagner l'accès à l'aide internationale, gelée depuis le coup d'État de 2009. Les Malgaches rêvent de changement mais l'histoire risque de se répéter. Une victoire de l’un des deux favoris pourrait voir Marc Ravalomanana ou Andry Rajoelina revenir aux affaires.
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