![Quand la dette grecque fait le bonheur de trois fonds d’investissement hellènes Quand la dette grecque fait le bonheur de trois fonds d’investissement hellènes](/data/posts/2022/07/18/1658166197_Quand-la-dette-grecque-fait-le-bonheur-de-trois-fonds-d-investissement-hellenes.jpg)
Avec des retours sur investissement de plus de 100 % sur une année, trois modestes fonds d’investissement grecs ont fait bien mieux que les grandes institutions de Wall Street, rapporte le quotidien économique “Wall Street Journal”.
Quand Athènes donne des leçons de rentabilité financière à la City de Londres et à Wall Street... Trois fonds grecs spécialisés dans les obligations d’État ont explosé les compteurs du retour sur investissement en 2012, reléguant le reste de la planète financière loin derrière, relève le "Wall Street Journal" dimanche 27 octobre.
Delos Domestic Bond Fund arrive tout en haut du palmarès en affichant un retour sur investissement de 108 % sur les douze derniers mois, suivis par Eurobank Greek Government Bond Fund (107 %) et Interamerican Fixed Income Domestic Bond Fund (105 %). Les meilleurs fonds d’investissement en obligations du Trésor américain n’ont pu garantir qu’un retour sur investissement de 34 % sur la même période. Et ceux qui se sont spécialisés dans les marchés émergents (Asie, Amérique du Sud) ont culminé à seulement 31 %, d’après les données de MorningStar, un site américain qui suit les performances des fonds d’investissement.
La recette du succès de ces trois fonds ? Tout miser sur les obligations d’État grecques. Certes, de par leurs statuts, ces trois institutions financières s’engagent à détenir au moins 50 % de leurs actifs en obligations helléniques. Mais au plus fort de la crise des dettes souveraines, en 2012, elles ont décidé toutes les trois de mettre tous leurs œufs dans le panier grec.
À cette époque, ce pari pouvait sembler financièrement suicidaire. Les spéculations sur l'éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro battaient leur plein et Athènes se préparait à faire défaut sur une partie de sa dette. Les trois fonds ont alors acquis les obligations d’autres investisseurs, qui cherchaient à s’en débarrasser de peur que la valeur de ces titres se réduisent à peau de chagrin. Ils ont pu les acheter à 12 centimes d’euros. Un an plus tard, rappelle le "Wall Street Journal", ces obligations grecques s’échangent à 56 centimes d’euros. “C’est toujours très peu”, souligne le quotidien américain, mais cette hausse prouve que les trois fonds grecs ont eu raison d’anticiper sur le maintien de leur pays dans la zone euro.
En classe économique
Le choix de tout miser sur la dette grecque était d’autant plus risqué que ces trois gestionnaires de portefeuille n’ont rien d’ investisseurs en costume trois pièces pour qui gagner, ou perdre, quelques centaines de milliers d’euros ne fait pas une grande différence. “Nous n’avons pas une mentalité de fonds spéculatif ou de banque d’investissement, nous n’avons donc jamais perdu le contact avec la réalité”, souligne au “Wall Street Journal” Aris Papageorgakopoulos, qui s’occupe du fonds Eurobank Greek Government Bond Fund.
Ils gèrent l’argent des fonds de pension de groupes grecs ou de commerçants. Les sommes sous leur responsabilité - aux alentours de 100 millions d’euros - n’ont rien à voir avec les milliards que brassent certains des plus grands fonds d’investissement.
D'ailleurs, aucun d'eux ne mène grand train. Tous les trois assurent, en outre, effectuer leurs déplacements professionnels en classe économique. Panos Simos, à la tête du fonds Delos, est, quant à lui, toujours locataire de son logement. Il a dû, de son propre aveu, mettre entre parenthèse son ambition de devenir propriétaire à cause de la difficulté d’obtenir un prêt bancaire en ces temps de crise économique, rapporte le "Wall Street Journal"…
Ces trois fonds ne sont pas, non plus, les seuls à s’intéresser aux obligations grecques et à d’autres pays durement frappés par la crise des dettes souveraines en Europe. Ainsi Vasco Teles, un investisseur qui gère trois fonds pour le compte d’une banque portugaise, assure au site financier britannique Citywire qu’une partie de ses bons résultats provient de l’acquisition de titres grecs et portugais. Cela fait deux ans que près de la moitié de ses investissements sont consacrés à la dette de ces deux pays qui est, pourtant, considéré par les agences de notation comme un placement “toxique”. Il pense “que cette année encore plus que l’an passé, ces pays sont des bons choix d’investissement car la discipline budgétaire commence enfin à y produire des effets bénéfiques.”