La ville chrétienne de Sadad, située sur la route reliant Homs à Damas, est depuis une semaine le théâtre de combats entre rebelles et loyalistes. Un évêque lance un appel à l'aide concernant 3 000 habitants "assiégés" qui ne peuvent fuir.
"Je vous adresse cet appel au nom des innocents parmi les hommes, les femmes et les enfants, les jeunes gens et les jeunes filles qui se trouvent actuellement assiégés dans des zones inatteignables, car ils ne peuvent en sortir et nous ne pouvons les rejoindre". C’est un vértibale appel au secours venu de Syrie qu’a lancé Silwanos Boutros Alnemeh, l’évêque de la communauté syriaque-orthodoxe de Homs.
Publié sur le site de l’Œuvre d’Orient, la lettre du prélat évoque en détail la situation de Sadad, ville chrétienne située à une centaine de kilomètres au nord de Damas, théâtre de nouveaux combats entre l’armée fidèle à Bachar al-Assad et diverses factions rebelles.
Des insurgés liés à Al-Qaïda ont capturé, lundi 21 octobre, cette ville citée dans la Bible. L'armée régulière, appuyée par des avions de combat, y a lancé une puissante contre-offensive. Entourée de villages ralliés à l’opposition, Sadad est située près de plusieurs dépôts d'armes du régime de Bachar al-Assad.
Les rebelles ont, notamment, en ligne de mire un très important dépôt d’armes situé à Mahin, un village sunnite près de Sadad. Plus de cents personnes en moins d’une semaine ont déjà péri dans les combats pour la prise de cette armurerie, qui, selon un chef rebelle cité par l’AFP, contiendrait tellement d’armes qu’elle permettrait à la rébellion de"libérer toute la Syrie". À Sadad, c’est un puits de gaz que les combattants anti-Assad chercheraient à contrôler.
Trois mille personnes "assiégées" sans eau ni électricité
Selon le site d’informations sur les chrétiens d’Orient, la ville comptait 15 000 habitants, dont au moins 12 000 ont pu fuir vers des villages voisins, où des prêtres jésuites ont mis en place une aide d’urgence. L’appel de détresse de l’évêque concerne les 3 000 personnes qui n’ont pas pu quitter la ville. "Cela fait quatre jours que cette population est assiégée sans électricité, sans eau et sans moyens de communication ; elle ne dispose que de peu de nourriture alors que s’y trouve parmi eux, des enfants en manque de lait, et des malades qui ont besoin de médicaments", écrit-il.
L’évêque explique que sa lettre a pour but de "lancer des appels aux assiégeants qui interdisent la sortie à la population et pour qu’ils acceptent des pourparlers, en vue de faciliter le départ en toute sécurité de la population, par une quelconque direction". Monseigneur Silwanos raconte que "les assiégeants interdisent aux 3000 personnes encore à Sadad de sortir de leurs maisons et font pression sur eux pour qu’ils ne quittent pas leurs habitations, en dépit des pourparlers qui ont eu lieu avec eux".
Interrogé par Reuters, un habitant de la ville, prénommé Elias, confirme. "Après la prise de la ville par les rebelles, ceux-ci nous ont dit par haut-parleurs de rester chez nous et ont tué ceux qui restaient dans la rue. Mais ils ne sont pas entrés dans les maisons". Selon les habitants de Sadad, neuf personnes auraient ainsi été abattues.
Ce n’est pas la première fois que des localités chrétiennes se trouvent au cœur des combats ou bien sont directement ciblées par la rébellion en Syrie. Début septembre, la prise de Maaloula, haut lieu du christianisme oriental, par un groupe islamiste avait déjà marqué un tournant dans le conflit. La situation des communautés chrétiennes du Moyen-Orient sera au cœur d’une réunion présidée par le pape François le 21 novembre 2013 au Vatican.
Avec dépêches