
Depuis une semaine, des agriculteurs mènent des dizaines d'opérations escargot sur les routes françaises pour protester contre l'écotaxe. Ce nouvel impôt sur les transports exacerbe particulièrement les agriculteurs bretons. Explications.
Le monde agricole passe à l'offensive contre l'écotaxe avant son entrée en vigueur, prévue le 1er janvier 2014. Hérité du Grenelle de l'environnement en 2009, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, ce nouvel impôt doit s'appliquer aux transports de plus de 3,5 tonnes, soit près de 600 000 camions français, qui circulent sur 12 000 km de routes nationales et 2 000 km de routes départementales.
L'écotaxe, qui a pour but de financer l'agence de financement des infrastructures, rapportera 1,1 milliard d'euros, soit 760 millions à l'État, 160 millions aux collectivités locales et le reste étant affecté aux frais de gestion de cette nouvelle taxe, a indiqué de son côté le ministère des Transports.
La Fédération des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), majoritaire, dénonce une nouvelle pression fiscale avec cette taxe, qui engendrera une hausse de 5 % à 10 % du coût du transport, qu'il sera difficile de répercuter sur les prix de vente au consommateur. "La ménagère payera plus cher, 50 ou 60 centimes de plus son kilo de tomates françaises, alors qu'une tomate belge ou marocaine n'aura pas cette taxe-là", a expliqué, cette semaine sur RTL, un producteur.
La FNSEA, qui bénéficie du soutien des transporteurs, des 3 000 coopératives de France mais aussi des industries de l'alimentaire, a réclamé un moratoire de cette écotaxe. "Lorsque l'économie redeviendra croissante on pourra en reparler mais là, nous demandons une pause", a évoqué son directeur Xavier Beulin, en évoquant un "ras-le-bol fiscal dans l'agroalimentaire".
Suppression de la taxe
Parmi les opposants à cette taxe, les agriculteurs bretons, qui refusent de l'ajourner mais "préfèrent bel et bien la supprimer", insiste le patron de la fédération départementale des syndicats agricoles (FDSEA) du Finistère, Thierry Merret. "On n'a pas d'autres solutions si on veut garder un socle agricole et agroalimentaire dans la région", durement affectée par les crises de la volaille, du porc, du lait et des abattoirs. "La Bretagne a toujours été une terre d'expédition, elle doit le rester", soutient Thierry Merret, producteur de choux-fleurs à la pointe du Léon.
Les agriculteurs bretons en appellent d'ailleurs au général de Gaulle qui, rappellent-ils, leur avait promis en 1969 à Quimper "un réseau routier gratuit pour désenclaver la région". Selon un sondage Ifop à paraître dans "Dimanche Ouest-France" les Bretons sont à 74 % "vent debout contre l'écotaxe", principalement ceux du Morbihan (82 %) et du Finistère (81 %).
De son côté, Frédéric Cuvillier souligne que le gouvernement a déjà pris en compte le caractère péninsulaire de la région en prévoyant un abattement de 50 % sur le taux kilométrique pour la Bretagne et en excluant du réseau taxable la RN 164, le principal axe est-ouest local. Selon le ministre, l'écotaxe acquittée par la Bretagne sera limitée à 42 millions d'euros, soit moins de 4 % du montant prélevé à l'échelle nationale, et la région devrait recevoir en retour, grâce à un système de péréquation, 135 millions d'euros chaque année pour l'amélioration de ses infrastructures de transport. Malgré ces assouplissements, les agriculteurs bretons continuent de se mobiliser. UN nouveau rassemblement est prévu, samedi prochain à Quimper.
Avec dépêches