Le sommet des dirigeants européens qui se tient jeudi et vendredi à Bruxelles s’est ouvert sur fond d'affaire d’espionnage des Américains en Europe. L’Allemagne voit rouge.
Le sommet des dirigeants européens s'ouvre, jeudi 24 octobre, à Bruxelles sous le choc des révélations de l'espionnage intensif des Américains en Europe, notamment en France et en Allemagne, où la chancelière allemande est directement visée. Après la colère de François Hollande, c'est au tour d'Angela Merkel de demander des explications aux autorités américaines après qu’elle a appris que son portable était probablement sur écoute.
Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel doivent discuter jeudi de l'affaire des écoutes américaines, en marge du sommet européen de Bruxelles, a-t-on appris de source diplomatique française.
Angela Merkel a donc vu rouge. Après avoir sermonné le président Barack Obama - soulignant que si cet espionnage était confirmé, le gouvernement allemand le jugerait "totalement inacceptable" - son ministre des Affaires étrangères a convoqué ce jeudi l’ambassadeur américain, John B.Emerson. Un rebondissement qui devrait pimenter un peu plus le sommet européen.
Protection des données
Auparavant, les services de renseignement américains avaient déjà réagi à la colère exprimée par la France et le Mexique sur l'étendue de l'espionnage américain, en assurant que les informations de presse à ce sujet étaient "inexactes et trompeuses". Selon le quotidien Le Monde, l'Agence de sécurité nationale (NSA) a collecté plus de 70 millions d'enregistrements de données téléphoniques de citoyens français.
Même si les questions de renseignements relèvent de chaque État, et non de l'UE, plusieurs pays, notamment la France, veulent profiter du scandale pour faire avancer la proposition de la Commission européenne concernant la protection des données, sur laquelle les Européens butent depuis des mois.
Le drame de Lampedusa s’invite aussi au sommet de l’UE
Autre dossier de ce sommet : L’Europe face aux morts de Lampedusa. Quelques semaines après la tragédie qui a coûté la vie à près de 400 migrants africains, l’Union européenne devrait également plancher sur une nouvelle législation concernant la surveillance des frontières. Les pays du sud de l'Europe - Italie, Espagne, Malte et Grèce - sont régulièrement confrontés à l’arrivée massive de migrants clandestins qui fuient la misère de leur pays d’origine.
De par leur proximité géographique, ces territoires du sud de l’Europe absorbent un nombre considérable de clandestins. Ils regrettent surtout que la plupart des pays du nord comme la France et l'Allemagne ne se penchent pas davantage sur ce drame humanitaire.
"Stratégie claire"
Ils demandent un renforcement de Frontex, l'Agence de surveillance des frontières européennes. Le Maltais Joseph Muscat veut que l'UE se dote d'une "stratégie claire". "Si je m'aperçois que le sommet accouche d'une souris, qu'aucune action n'est envisagée, je le dirais", a-t-il averti lundi. Quant à l'Espagnol Mariano Rajoy, il a demandé mercredi que le contrôle aux frontières soit "un effort partagé par l'ensemble de l'Union".
Les pays du sud réclament aussi un nouveau système sophistiqué de contrôle, notamment en mer. Pour s'attaquer aux "racines" du mal, les dirigeants devraient aussi plaider pour une "meilleure coopération" avec les pays d'origine et de transit, pour lutter notamment contre le trafic d'êtres humains. Le président français François Hollande a promis qu'il proposerait à ses partenaires "une politique qui s'articulerait autour du triptyque prévention, solidarité, protection".
Mais ces pays du sud risquent d'être très déçus. Les dirigeants européens pourraient bien se contenter d'appeler à "faire plus pour éviter" de nouveaux drames, sans plus de décisions concrètes. Ils renverront à juin 2014, soit après les élections européennes, la définition d'une "politique de long terme" en matière d'asile et de migration.
Avec dépêches