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Appels, textos, emails : comment la NSA espionne des millions de Français

D'après le quotidien français "Le Monde", l'agence américaine de renseignement NSA dispose d'un système d'écoute des conversations téléphoniques passées en France. Sont ciblés les Français suspectés de terrorisme, mais aussi des hommes politiques.

70,3 millions d'enregistrements. C'est le nombre de données téléphoniques de citoyens français interceptées par l'agence américaine de renseignement (NSA) entre le 10 décembre 2012 et le 8 janvier 2013, révèle lundi le quotidien "Le Monde" sur la base de documents fournis en juin dernier par l'ancien consultant de la NSA aujourd'hui réfugié en Russie, Edward Snowden.

Wanadoo et Alcatel-Lucent particulièrement ciblés

Par ailleurs, selon les documents de la NSA obtenus par "Le Monde", l'agence américaine s'est intéressée de près, entre le 1er et le 31 janvier 2013, aux adresses de messagerie wanadoo.fr, ancienne filiale d'Orange qui compte encore 4,5 millions d'utilisateurs, et alcatel.lucent.com, l'entreprise franco-américaine de télécommunications.

D'après les documents dévoilés par Edward Snowden, le programme de surveillance Prism ciblait les adresses elles-mêmes mais aussi des mots-clés.

Les directions d'Orange et d'Alcatel ont refusé de commenter ces informations.

Parmi les éléments inédits révélés par le journal figurent les techniques utilisées dans le programme baptisé "US-985D" pour surveiller les appels des Français.

Informations "choquantes", selon Valls

"Quand certains numéros de téléphone sont utilisés dans l'Hexagone, ils activent un signal qui déclenche automatiquement l'enregistrement de certaines conversations, peut-on lire sur le site du Monde. Cette surveillance récupère également les SMS et leur contenu en fonction de mots-clés. Enfin, de manière systématique, la NSA conserve l'historique des connexions de chaque cible".

D'après les documents analysés par "le Monde", cette surveillance concernait à la fois des personnes suspectées de liens avec activités terroristes que des individus appartenant au "monde des affaires, de la politique ou à l'administration française".

Ces informations ont été jugées "choquantes" et "vont appeler à des explications", a déclaré lundi le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, sur Europe 1.

Des "motifs légalement fondés" se justifie la NSA

Interrogées sur ces nouvelles révélations, les autorités américaines ont botté en touche, renvoyant simplement à la déclaration officielle du 8 juin précisant que les personnes ciblées à l'extérieur des États-Unis l'avaient été pour des "motifs légalement fondés, tels que la menace terroriste, informatique ou de prolifération nucléaire.".

Dans son édition du 11 août dernier,  le journal allemand  "Der Spiegel" avait déjà révélé que l'Union européenne et plus particulièrement la France et l'Allemagne, avait fait partie des cibles prioritaires de la NSA.