
Le parti du président guinéen Alpha Condé est arrivé en tête des législatives du 28 septembre, selon les résultats annoncés par la Commission électorale indépendante (Céni). L'opposition rejette ces résultats qu'elle juge "irréalistes".
Le parti au pouvoir du président Alpha Condé et ses alliés en Guinée ont remporté les législatives du 28 septembre, selon les résultats publiés vendredi 18 octobre à Conakry par la Commission électorale indépendante (Céni) et aussitôt rejetés par l'opposition qui les a jugés "irréalistes". Le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) du président Alpha Condé et les partis qui lui sont alliés dans une coalition "Arc-en-ciel", ont obtenu 60 des 114 sièges à l'Assemblée nationale. Le RPG obtient à lui seul 53 députés, ses alliés sept.
Les partis de l'opposition obtiennent au total 53 députés et un petit parti "centriste" un député. Le principal parti d'opposition, l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) obtient 37 députés, suivi de l'Union des forces républicaines (UFR) avec 10 députés, les autres partis de la coalition de l'opposition se partageant 7 députés. Si ces résultats sont confirmés par la Cour suprême, le RPG d'Alpha Condé va donc devoir former un gouvernement de coalition.
L'élection, combinant scrutin uninominal et proportionnel, est censé parachever la transition de la Guinée vers la démocratie et mettre fin à la période d'instabilité qu'elle connaît depuis le putsch militaire de 2008.
L'opposition dénonce des fraudes
Les résultats sont toutefois été contestés par l'opposition, qui dénonce des fraudes massives au profit du pouvoir. Peu après la publication des résultats provisoires qui doivent encore être confirmés par la Cour suprême après examen des recours, Sydia Touré, dirigeant de l'UFR et porte-parole de l'opposition, a déclaré qu'elle ne les reconnaîtrait pas.
"Nous ne reconnaîtrons pas les résultats qui ne sont pas conformes au vote de la population", a-t-elle affirmé à l'AFP, ajoutant que "les élections ont été truquées par le RPG avec des résultats qui sont complètement surréalistes". Quelques jours après le scrutin, l'opposition avait déjà demandé son annulation "pure et simple", dénonçant des "fraudes massives".
Elle avait notamment mis en cause la non prise en compte de nombreux bureaux de votes dans certaines circonscriptions, l'invalidation de milliers de votes dans des circonscriptions réputées favorables à l'opposition et, a contrario, une participation extraordinairement élevée (jusqu'à 92%) dans les fiefs du parti au pouvoir.
Retirant ses représentants des commissions de comptage des votes, elle les avait toutefois maintenus à la Céni et s'était jusqu'alors abstenue d'appeler à des manifestations qui auraient risqué de dégénérer en violences meurtrières, comme c'est régulièrement le cas en Guinée.
Crainte de violences
Cette réaction de l'opposition, si elle devait appeler à manifester dans la rue, fait craindre des violences dans un pays à l'histoire marquée par les violences politiques et militaires et la répression sanglante des manifestations.
Conscient des dangers potentiels, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, avant même la publication des résultats, a appelé vendredi "toutes les parties à maintenir le calme et à résoudre tout différend par les voies légales".
Ces législatives doivent doter la Guinée de son premier Parlement démocratiquement élu depuis l'indépendance de la France en 1958. Le scrutin du 28 septembre avait été plusieurs fois reporté depuis près de trois ans à cause de divergences entre le pouvoir et l'opposition sur son organisation.
Avec dépêches