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L'agence antidopage jamaïcaine "n'a effectué aucun contrôle sanguin"

L'ex-directrice de la Commission antidopage jamaïcaine affirme que son organisation n'a jamais réalisé un seul test sanguin. Selon elle, son pays manque de moyens, et risque de ne pas pouvoir poursuivre correctement des sportifs soupçonnés de dopage.

Depuis plusieurs mois, l’ex-directrice de la Commission jamaïcaine antidopage (JADCO) n’en finit plus de critiquer son ancienne organisation. Après avoir révélé en août qu'il n'y avait eu aucun contrôle hors compétition en Jamaïque, de janvier 2012 jusqu'à l'ouverture des Jeux olympiques en juillet, Renée Anne Shirley affirme désormais, que la JADCO n’a même jamais conduit de test sanguin.

"Pourquoi n’ont-ils jamais fait de test sanguins, et cherché à détecter des substances comme les hormones de croissance ?", s’interroge-t-elle dans les pages du quotidien britannique "The Telegraph".

"Je sais que 30 kits de test ont été achetés, et qu’ils étaient encore là quand je suis partie. Huit mois plus tard, je ne sais pas si la Jamaïque a vraiment réalisé ces tests sanguins", ajoute Renée Anne Shirley, qui a dirigé la JADCO de juillet 2012 à février 2013.

Manque de moyens et de personnels

En plus de ces accusations, l’ex-directrice explique que l’agence jamaïcaine antidopage manque de moyens et de personnels. Selon elle, cette situation "ne permettra pas de mener efficacement des poursuites contre les athlètes accusés de dopage". Alors que depuis le début de l’année, huit sportifs jamaïcains, dont la double championne olympique du 200m Veronica Campbell-Brown et l’ancien recordman du monde du 100m Asafa Powell, ont été contrôlés positifs, Renée Anne Shirley se demande si la JADCO ne sera pas "débordée" par un si grand nombre d’affaires.

Ces dysfonctionnements pointés par l’ancienne directrice ont conduit l’Agence mondiale antidopage (AMA) à exprimer son mécontentement auprès des autorités jamaïcaines. Après les avoir pressées de régler leurs lacunes, sous peine de priver les athlètes de l'île des prochaines compétitions internationales, dont les JO-2016, l’AMA a finalement été invitée par le Premier ministre de la Jamaïque, à effectuer une visite de contrôle en 2014.

Alors que les victoires et les records à répétition d’Usain Bolt ou de ses coéquipiers sont désormais observés avec suspicion, la Jamaïque nie tout système de dopage généralisé. Pour sa défense, la JADCO a en effet rappelé que c’était elle, qui était à l’origine du contrôle positif de cinq de ses athlètes. L’agence antidopage jamaïcaine est, par ailleurs, soutenue par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), soutenant que les sprinteurs jamaïcains sont soumis à plus de contrôles que leurs rivaux.

Dans un courrier adressé à Reuters, le porte-parole de l’IAAF, Chris Tuner, a notamment expliqué qu’Usain Bolt "est l’athlète le plus contrôlé du panel, et a été contrôlé en 2012 plus d’une douzaine de fois lors, et en dehors, des compétitions sous l’autorité de l’IAAF".