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L'otage français du "Tanit" peut-être tué par un tir français

Au lendemain de la libération de l'équipage du voilier "Tanit", tombé aux mains de pirates somaliens, le ministre de la Défense, Hervé Morin, reconnaît que l'otage tué lors de l'opération a peut-être succombé à un tir français.

Reuters - Le Français tué lors de l'opération lancée contre un voilier capturé par des pirates dans le golfe d'Aden a peut-être succombé à un tir français, a reconnu samedi le ministre de la Défense, Hervé Morin.

Des commandos d'élite de l'armée française ont libéré vendredi par la force quatre de ses ressortissants, dont un enfant de trois ans, retenus en otages depuis une semaine sur le "Tanit" au large des côtes somaliennes par des pirates.

Un cinquième, le père de l'enfant, âgé de 28 ans, a été tué lors de l'assaut. Deux pirates ont en outre trouvé la mort et trois ont été capturés.

"On ne peut pas exclure que le tir (qui a tué le skipper français) soit français", a déclaré Hervé Morin sur Europe 1.

Les circonstances de l'opération feront l'objet d'une enquête judiciaire et le corps du défunt sera autopsié, a-t-il précisé.

Selon lui, l'assaut mené par l'armée française était "la solution qui semblait le plus faisable".

La veille lors d'une conférence de presse, le ministre avait assuré que tout avait été fait pour négocier et éviter un assaut

"Nous avons proposé la totalité de ce que nous pouvions proposer, afin de leur permettre de rejoindre le sol. Nous leur avons même proposé une rançon", a-t-il dit, sans préciser le montant de cette dernière.

Ses propos ont été confirmés par Guillaume Goutay, le capitaine de la frégate "Agonit", qui a participé à l'opération. "A la radio et même à la voix, nous avons tenté les premières étapes de négociation pour une remise des otages contre la possibilité d'aller à terre avec un Zodiaque du bâtiment, contre une rançon financière", a-t-il raconté sur France Inter.

"Tirs nourris"

"Nous sommes même allés jusqu'à proposer l'échange de libération de Chloé (l'une des otages, ndlr) et de son enfant contre un officier du bâtiment", a-t-il ajouté.

Il a confirmé que l'assaut, appuyé par des tireurs d'élite, avait duré environ cinq minutes et donné lieu "à des tirs
nourris".

Les quatre otages survivants - l'épouse de la victime, son enfant et un couple d'amis - sont attendus dimanche en France. Ils devraient être reçu à l'Elysée dans les jours qui viennent, a annoncé vendredi la présidence de la République.

Parti de Vannes, dans le Morbihan, en juillet, le "Tanit" avait quitté Aden le 14 mars et faisait route vers les Seychelles. Ses occupants effectuaient un tour du monde.

Au moment de l'assaut, le voilier n'était plus qu'à 20 milles nautiques (37 kilomètres) de Ras Hafun, localité située à environ 160 kilomètres au sud du cap Guardafui, à l'extrémité de la Corne de l'Afrique, à l'entrée du golfe d'Aden.

Avant cet assaut, des militaires français étaient déjà intervenus à deux reprises pour libérer des voiliers français et leurs occupants retenus en otages par des pirates somaliens, le "Ponant" et le "Carré d'As", en avril et en septembre 2008.

C'est la première fois qu'une telle opération se solde par un mort du côté des otages français.

Selon Hervé Morin, 15 bateaux sont encore détenus dans la région du golfe d'Aden, dont certains depuis plusieurs mois, et 243 otages sont entre les mains des pirates.