
Seules 40 personnes sur les 2 000 attendues se sont rassemblées devant le Parlement à Rabat pour soutenir les adolescents poursuivis pour “atteinte à la pudeur” après avoir diffusé sur Facebook une photo de leur baiser.
L’affaire a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux mais a finalement peu mobilisé sur le terrain. Seules quelques dizaines de personnes se sont rassemblées, samedi 12 octobre, à Rabat, au Maroc, pour un "baiser symbolique" en soutien aux adolescents poursuivis pour “atteinte à la pudeur” après avoir posté sur Facebook leurs photos en train de s'embrasser.
#Freeboussa à Rabat pic.twitter.com/yd5UOuHhPH
— Belkouch Hicham (@BelkouchHicham) October 12, 2013Faible participation
Une quarantaine de personnes, dont une dizaine de couples, étaient présentes devant le Parlement de la capitale marocaine, selon un participant interrogé par l'AFP. Sur la Toile, ils étaient près de 2 000 à avoir indiqué qu’ils se rendraient à cet événement, un décalage qui prouve le fossé existant entre l’activisme en ligne et les véritables mobilisations dans la rue.
Le rassemblement s’est globalement déroulé dans le calme, devant des dizaines de badauds et plusieurs médias marocains et étrangers. "Pour nous, c'est un succès. Il y a des couples et des célibataires, et les couples se sont embrassés en public", a déclaré Ibtissam Lachgar, l'une des organisatrices de cet événement. "Notre message est qu'il y a des gens qui défendent l'amour, la liberté d'aimer et de s'embrasser librement. Ces gens-là étaient présents aujourd'hui", a-t-elle ajouté.
Bousculades et altercations
Bien que les manifestants aient pu aller au bout de leur démarche, une légère altercation a eu lieu lorsque des témoins de la scène, visiblement opposés au mouvement, ont tenté de mettre un terme au rassemblement en bousculant les couples et en leur lançant des chaises depuis une terrasse d'un café. "On est dans un pays islamique et s'embrasser en public est interdit. Un simple bisou peut mener à autre chose. Ce sont des athées qui agissent contre l'islam", s'est insurgé un des contre-manifestants.
Le rassemblement s'est ensuite déplacé près du marché aux fleurs, avant de se disperser pacifiquement.
Vidéo amateur de l'altercation entre un Marocains et les participants aux "Kiss-in"
La fille et le garçon incriminés, âgés respectivement de 14 et 15 ans, ainsi que l'ami auteur des clichés avaient été interpellés le 4 octobre et détenus pendant trois jours dans un centre pour mineurs à Nador, dans le nord-est du royaume. Leur arrestation avait immédiatement enflammé les réseaux sociaux, où de nombreux jeunes, en signe de rébellion contre l’état d’esprit conservateur, ont à leur tour posté des photos de baisers. Sous la pression populaire, les autorités judiciaires de Nador ont été contraintes de libérer, le 7 octobre, les trois adolescents.
Les poursuites à leur encontre sont toutefois maintenues et leur procès, qui s’est ouvert au matin du 11 octobre, a aussitôt été ajourné au 22 novembre.
Avec dépêches