La compagnie automobile chinoise Dongfeng Motors, déjà partenaire de PSA Peugeot Citröen en Chine, serait sur le point d'entrer au capital du constructeur français à hauteur de 30 %. En 2012, GM était devenu le deuxième actionnaire de PSA avec 7 %.
PSA Peugeot Citroën prépare une augmentation de capital de trois milliards d'euros
qui verrait l'Etat français et le chinois Dongfeng prendre chacun une participation substantielle dans le constructeur automobile, a-t-on appris vendredi de sources
proches du dossier.
Selon ces sources, qui ont requis l'anonymat, une délégation de PSA, de représentants du gouvernement français et de banquiers est en route pour la Chine afin de préparer un protocole d'accord qui pourrait être signé d'ici quelques semaines.
Le projet, que PSA aimerait boucler d'ici la fin de l'année, prévoit que l'Etat français et Dongfeng Motors contribuent chacun à hauteur de 1,5 milliard d'euros, ce qui leur donnerait tous deux une participation de 20 à 30 % dans le constructeur
automobile français.
Selon les sources, la famille Peugeot laisserait au passage sa participation se diluer à nouveau, et renoncerait à contrôler l'entreprise qu'elle a fondée deux siècles plus tôt.
L'injection d'argent frais s'accompagnerait d'un élargissement de la coentreprise actuelle entre PSA et Dongfeng à d'autres technologies du groupe français et à d'autres marchés de la région Asie, alors que cette JV est actuellement centrée
sur la Chine, ont-elles ajouté.
"PSA confirme étudier de nouveaux projets de développement industriel et commercial avec différents partenaires, ainsi que les modalités de financement qui les accompagneraient", a simplement déclaré un porte-parole du groupe. "Aucun de ces
projets n'est à maturité à ce stade."
Le ministère de l'Economie et des Finances a refusé de faire un commentaire. Dongfeng et GM n'ont pu être joints dans l'immédiat pour commenter ces informations.
Vers une dilution des Peugeot et de GM
PSA s'est retrouvé en grande difficulté financière fin 2011 en raison de sa forte exposition à un marché européen en berne. Il a lancé en 2012 un vaste plan social en France pour réduire ses coûts et ajuster ses capacités de production, et compte
endiguer son hémorragie de cash d'ici la fin 2014.
Mais sur un marché ultraconcurrentiel, la question du financement de son développement à plus long terme, notamment à l'international, reste entière. Ses difficultés financières, qui se sont traduites l'an dernier par une perte record de cinq
milliards d'euros, l'ont déjà conduit à suspendre plusieurs projets industriels et de R&D.
L'augmentation de capital, qui représenterait près de 70% de la capitalisation boursière actuelle de PSA (4,4 milliards d'euros à la clôture de vendredi) entraînerait inévitablement une nouvelle dilution de la famille Peugeot, principal actionnaire du groupe avec 25,4% du capital.
Selon les sources, l'opération prendrait en partie la forme d'une émission d'actions nouvelles que la famille Peugeot céderait à l'Etat français. L'autre partie serait levée via une augmentation de capital réservée.
Les Peugeot ont déjà laissé diluer leur participation lors de l'augmentation de capital d'un milliard d'euros organisée en mars 2012 dans le cadre de l'alliance avec General Motors. Avant cette opération, qui a vu GM entrer au capital à hauteur de 7 %, la participation de la famille était de 30,96 %.
Fin juin, des sources proches du dossier avaient indiqué à Reuters que la famille était désormais prête à céder le contrôle du groupe, et à tomber sous la barre des 33 %, en cas de nouvelle augmentation de capital. Elles avaient également dit que PSA
cherchait à convaincre General Motors de renforcer son alliance, mais tout en tenant des discussions exploratoires avec Dongfeng en vue d'une prise de participation de 30%. Selon ces sources, les discussions n'avaient alors pas abouti.
Vendredi, les sources ont précisé que GM se laisserait probablement lui aussi diluer lors de la nouvelle augmentation de capital qui se profile.
L'actuelle association avec le constructeur public chinois Dongfeng, dénommée DPCA, est la plus ancienne des deux coentreprises de PSA en Chine. Renforcée en 2010, elle possède trois usines d'assemblage basées à Wuhan. Les deux premières
affichent une capacité de 450.000 voitures par an, tandis que la troisième, inaugurée cet été, présentera une capacité initiale de 150.000 voitures en année pleine, puis à terme de 300.000 voitures.
La Chine, fer de lance de la stratégie d'internationalisation à marche forcée de PSA, est désormais le premier marché automobile du groupe devant la France. Le
constructeur vise 557.000 ventes en 2013, soit une croissance de 26% par rapport à 2012. Dans l'intervalle, PSA attend une baisse d'environ 5% du marché automobile européen.
Reuters