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Un millier d’étudiants chinois ont été obligés d’accepter des "stages" dans une usine du géant taïwanais Foxconn où sont construits les consoles Playstation 4 de Sony qui doivent être vendues aux États-Unis dans un mois.

Le bonheur des adeptes occidentaux de jeux vidéo dépend-il du travail forcé d’étudiants chinois ? Plus de 1 000 “stagiaires” de l’Institut de technologie de Xi’an (une ville du centre de la Chine) seraient contraints par le géant taïwanais Foxconn d'aider les ouvriers d’une de ses usines chinoises à assembler la PS4, d’après les affirmations vendredi 11 octobre de plusieurs médias chinois. Un recours au travail forcé décidé pour pouvoir tenir les délais de livraison de la prochaine console de Sony dont la sortie est prévue le 15 novembre aux États-Unis et le 29 novembre en Europe.

Ces étudiants ingénieurs sont, d’après ces informations, fortement incités à accepter ces “stages” qui se révèlent n’être rien d’autre qu'un travail d’ouvrier sur les lignes d’assemblage rémunéré 261 dollars par mois (192 euros). Travail de nuit, heures supplémentaires... En cas de refus, ces jeunes n’auraient aucune chance de valider leur année d’étude.

Le géant taïwanais, qui travaille pour la plupart des grands groupes électroniques occidentaux, a reconnu du bout des lèvres une partie des accusations. Une enquête interne a, effectivement, mis à jour de tels abus, mais uniquement dans un faible nombre de cas. “Des actions immédiates ont été entreprises pour y mettre un terme afin que les conditions de travail soient parfaitement en accord avec nos normes et notre code de conduite”, a affirmé un porte-parole de Foxconn au site américain d’informations Quartz.

Nintendo et le travail d’enfants

Foxconn a, en revanche, refusé de préciser si ces étudiants travaillaient effectivement sur la PS4. Mais les dérives qui ont été constatées se sont produits dans l’usine de Yantai où, d’après les informations obtenues par le "Wall Street Journal", une partie de la centaine de milliers d’ouvriers fabriquent les produits de Sony.

Le constructeur japonais s’est, de son côté, borné à dire qu’à sa connaissance “Foxconn se conforme au code de conduite soumis par Sony à tous ses fournisseurs”. Un ensemble de règles, établis en 2005, qui stipule que ses sous-traitants doivent appliquer toutes les lois en vigueur, une “éthique du travail”, et s’assurer du respect des droits de l’Homme et de l’environnement.

De beaux principes très éloignés de certaines pratiques constatées à plusieurs reprises dans les usines chinoises de Foxconn, déjà mis en cause dans des affaires de mauvais traitement d'ouvriers. Depuis 2010, une dizaine d’ouvriers se sont donné la mort, essentiellement à cause des cadences infernales imposées pour tenir les délais de construction des iPhone et iPad d’Apple. Dans le monde du jeu vidéo, c’est Nintendo qui s’est vu embarqué à son corps défendant, en octobre 2012, dans un scandale impliquant Foxconn. Le sous-traitant taïwanais avait eu recours, également dans son usine à Yantai, à des enfants parfois âgés de seulement 14 ans pour construire les consoles Wii U.

Si Terry Gou, le patron de Foxconn, condamne de telles pratiques, il a expliqué, début octobre 2013, que ses usines qui emploient plus d’un million d’ouvriers en Chine avaient de plus en plus de mal à trouver de la main d’œuvre. “La jeune génération [de Chinois] ne veut plus travailler dans des usines et préfère les secteurs des services, de l’Internet ou de tout autre activité plus facile”, a-t-il souligné au quotidien économique britannique “The Financial Times”.