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Les cinq suspects dans l'enquête sur la saisie de 1,3 tonne de cocaïne en France ont été incarcérés mardi. La cargaison, en partie découverte à bord d'un vol Air France, représente la plus importante prise jamais réalisée dans le pays.
Trois Italiens et deux Britanniques ont été mis en examen à Paris et écroués mardi, quatre jours après la saisie record d'1,3 tonne de cocaïne acheminée dans un avion d'Air France Caracas-Paris.
Les magistrats de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris ont mis en examen les cinq hommes, âgés de 26 à 45 ans, pour importation et trafic de stupéfiants en bande organisée et association de malfaiteurs, a indiqué une source judiciaire.
Quatre d'entre eux ont été placés en détention provisoire, tandis qu'un cinquième a demandé un débat différé devant le juge des libertés et de la détention (JLD), qui aura lieu vendredi, mais il a aussi été incarcéré.
Une sixième personne, la compagne d'un des deux Britanniques, avait vu sa garde à vue levée lundi. Une source proche du dossier avait indiqué qu'aucun des six interpellés n'était salarié d'Air France.
Cette saisie de drogue colossale, rendue publique samedi par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls lors d'une conférence de presse, a été opérée vendredi pour partie à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle et pour l'autre à bord d'un véhicule pris en filature sur une autoroute en direction du Luxembourg.
Avec 1,382 tonne, il s'agit de la plus importante saisie de cocaïne jamais réalisée en France métropolitaine dans le cadre d'une procédure judiciaire. Cette quantité représente une valeur à la revente d'environ 50 millions d'euros au prix de gros, ou de 240 à 350 millions d'euros au détail.
La cocaïne se trouvait dans une trentaine de valises embarquées comme du fret à bord d'un avion d'Air-France arrivé le 11 septembre de Caracas.
Mardi, la justice venezuélienne a annoncé que dix suspects avaient été arrêtés dans ce pays, dont huit militaires de la Garde nationale bolivarienne, un membre de la sécurité aéroportuaire et un contrôleur chargé de surveiller le fret des avions d'Air France à l'aéroport de Maiquetia, près de Caracas.
En France, une enquête préliminaire avait été lancée dès cet été par la Jirs de Paris. L'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Octris) a mené les investigations en collaboration avec les polices espagnole, britannique et néerlandaise.
Mercredi dernier, une semaine après l'arrivée de la marchandise à Roissy, une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris notamment pour "importation de stupéfiants en bande organisée", "acquisition, détention, transport, cession illicites de stupéfiants" ou encore "association de malfaiteurs".
Et vendredi, les policiers ont saisi la drogue et arrêté les six personnes qui ont été placées en garde à vue.
L'ombre de la 'Ndrangheta
Se pose désormais la question d'éventuelles complicités aéroportuaires, au Venezuela et en France, pour imprimer les étiquettes de bagages, récupérer les valises et les faire sortir des zones de fret.
Selon une source proche du dossier, les valises "n'ont pas été enregistrées par le circuit habituel", c'est-à-dire qu'elles ne sont pas passées au comptoir d'enregistrement de la compagnie aérienne à Caracas. Les valises ont été transportées en fret dans un avion de passagers.
Air France a de son côté annoncé l'ouverture d'une enquête interne sur d'éventuels dysfonctionnements.
La cocaïne était "sans doute destinée au marché européen", mais pas français, selon une source policière. Elle devait rejoindre des succursales de la mafia calabraise, la 'Ndrangheta, qui joue depuis quelques années, en collaboration avec les cartels colombiens, un rôle central dans l'importation de cocaïne en Europe.
Le Venezuela est considéré par les Nations unies comme un pays non producteur de drogues, mais son territoire est de plus en plus traversé par les narcotrafiquants, en raison notamment de la lutte antidrogue dans les pays producteurs. Quarante-cinq tonnes y ont été saisies en 2012, selon des chiffres officiels.
AFP